Bonsoir,
En préface du livre "
Ceux qui ne dormaient pas", émouvant "journal" de Jacqueline Mesnil-Amar, épouse d'un juif français arrêté à la veille de la Libération, Pierre Assouline écrit :
"Ce texte est réédité aujourd'hui parce qu'il n'avait pas trouvé ses lecteurs. Une dizaine d'années après la guerre, on ne pouvait pas encore tout dire parce qu'on ne pouvait pas tout entendre. Plus qu'un tabou à transgresser, il y avait une indifférence à surmonter".
Le documentaire nous le rappelle.
Je n'ai malheureusement visionné que quelques rares extraits dont une partie du témoignage de celle qui fut la petite fille cachée pendant deux ans dans un trou obscur.
Et puis, le témoignage du fils du cheminot retraité. Pour occuper ses loisirs, ce retraité s'installait sur un talus dominant le camp de Belzec et peignait des scènes hallucinantes comme ces immenses bûchers. Ces peintures m'ont renvoyé au livre du Père Desbois, "
Porteur de Mémoires".
Patrick Desbois, de passage à Belzec, interroge le vieux curé du village. Dans un couloir de la maison du curé sont accrochés des peintures. Ce sont probablement celles du cheminot. On y voit des Juifs nus, en train d'attendre devant les portes des chambres à gaz ou l'excavatrice charriant des monceaux de cadavres......
A la question du Père Desbois "
Qui a fait ces peintures?", le curé répond très naturellement "
C'est un fou..."
Le curé de Belzec raconte également comment, pendant la guerre, il montait sur le toit avec des jumelles et observait, avec les habitants du village, les atrocités qui se déroulaient dans le camp. Le Père Desbois lui demande : "
Ca ne vous faisait rien, mon père, de voir tous ces morts ?". Le curé répond :
"Si ! Ma mère ne supportait pas la fumée. Alors quand il y avait trop de fumée, elle allait s'enfermer dans la cave et moi, il fallait que je m'en occupe."
La fumée ? La petite fille s'en souvient de cette odeur insoutenable des cadavres brûlant jours et nuits ....
Bien cordialement,
Francis.