De la négligence à la malveillance. - Jean Moulin - forum "Livres de guerre"
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La description du livre

Jean Moulin / Daniel Cordier

 

De la négligence à la malveillance. de René CLAUDE le dimanche 06 octobre 2002 à 15h24

Relisant les diverses sources concernant le comportement individuel de certains protagonistes de l'affaire de Caluire, je me suis dit qu'il est aujourd'hui ardu de séparer la malveillance intentionnelle des "simples" négligences dues au stress, à la fatigue et à la peur d'être pris et de parler.
Il est facile, bien au chaud devant sa bibliothèque 60 ans après les faits tragiques, de condamner X et d'absoudre Y... Un temps j'ai essayé de vivre par procuration ce que pouvait être la vie quotidienne d'un clandestin dans la France entièrement occupée de 1943. Il m'a fallu admettre que cette projection était sinon impossible du moins malaisée et pleine de "trous"; il faut alors recomposer les parcours des protagonistes à partir des souvenirs et des quelques documents dans les livres qui nous les présentent, des livres qui ne masquent pas toujours les positions idéologiques de leurs auteurs, leur à-priori aussi, ce qui rend l'opération plus délicate , car il faut lire entre les lignes.
Hardy, Aubry et Bénouville partageaient une position radicale négative sur le rôle de Jean Moulin; ils affirmèrent à plusieurs occasions leur désir pressant qu'il soit "neutralisé" par un rappel à Londre, une mise au vert en Suisse ou ... Je prends en compte leurs déclarations, avec bien sûr les réserves qui s'imposent devant des témoignages et la toujours possible reconstruction d'un événement...
Quand Pierre de Bénouville redit qu'il a quitté Lyon pour célébrer le mariage d'un ami le jour de la réunion où devait être débattue la nomination d'un remplaçant du général Delestraint, j'avoue être gêné...D'autant que le maire était Raymond Richard dont Péan nous a exposé le pouvoir de nuisance en tant qu'agent triple infiltré dans le réseau d'amis de Bénouville... Quelque chose ne "joue" pas avec l'importance d'une décision pour laquelle Frenay (retenu à Londres), Bénouville et d'autres cadres de Combat ont mené le CNR aux bords de l'implosion et de l'explosion physique. (des témoins parlent d'une dispute qui faillit se terminer en baston !) Et puis, les versions rapportées et retouchées par Bénouville à Frenay, puis à Péan et enfin à Laure Adler n'ont rien fait pour lever le doute que j'ai encore quant à sa non-implication dans l'arrestation de Jean Moulin... Jusqu'où peut-on aller trop loin, en période de guerre, alors que tout est exacerbé, pour neutraliser un opposant ?
Les réponses probables me filent de méchantes suées et comme il n'y a à ce jour rien de probant, je reste avec cette impression d'un malaise.
la violence d'un sentiment anti-communiste fédérateur est, j'en suis persuadé, au coeur de cette tragique affaire. On sait que les cadres de l'armée avaient été travaillés par les groupes et groupuscules anti-républicains, les ligues et les partis fascisants durant les années 30; il ne faut pas s'étonner de retrouver cette "hystérie" anti-communiste dans la police de Vichy, dans les cadres de l'armée d'Armistice mais, et c'est normal, chez les chefs de la résistance intérieure de droite, voire d'extrême-droite.
Là encore, Raymond Richard est au centre des réseaux qui ont survécu à la guerre et à la défaite et dont certains membres ont reçu Vichy comme une bénédiction ! Plusieurs de ces cadres ont rejoint les rangs gaullistes tardivement afin de se retrouver du bon côté à la Libération, une forme d'entrisme, si je puis dire. Une fois en place, rien ne les a empêché , au nom de la mémoire et de la solidarité des anciens de la résistance d'arranger les affaires, de faire traîner les dossiers et d'influencer de témoins. Les questions que pose Mireille Albrecht sur le silence et le mystère autour de la disparition de sa mère rejoignent les démarches de Laure Moulin et d'Antoinette Sachs (ou Sasse) pour obtenir des réponses claires à des questions simples : Qui sait quoi ?
Enfin, n'oublions pas que les deux procès intentés contre René Hardy le furent par la justice militaire...

Je comprends mieux ce qui a motivé un soir sur un plateau de télé Daniel CORDIER, l'ancien secrétaire de Moulin, qu'une remarque un peu insultante de Frenay avait révolté, à se lancer dans la recherche de la vérité sur son ancien "patron".
Des mots reviennent : "ombres", "catacombes","part d'ombre", comme pour souligner les non-dits d'une affaire qui continue de passionner, car elle est révélatrice d'une culture et d'une pratique étatique du secret.

Amicalement,

René

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