Bonsoir,
Sa fille Mireille Albrecht l'avait écrit en 1986 et elle le redit dans son récit "Vivre pour exister" en 2000 : la rencontre entre sa mère Berty et le jeune et séduisant officier qu'est Henri Frenay est essentielle pour comprendre les engagements futurs du chef de Combat, du ministre du général de Gaulle et du militant européen dans l'après-guerre. Mais Mireille Albrecht souffre d'un handicap : elle n'est pas historienne.
Au début des années 30, Henri Frenay est bien noté par l'ensemble de ses supérieurs même s'ils mentionnent tous le caractère indépendant et l'esprit critique de l'officier... L'indépendance critique, voilà une attitude qui n'est pas une qualité dans cette armée d'avant la défaite qui "rate" la plupart de ses éléments novateurs et de ses caractères forts... C'est d'ailleurs à ce comportement atypique que fut sensible celle qui allait devenir la compagne et l'initiatrice politique du futur chef de Combat. Berty Albrecht et Frenay se sont croisés la première fois en août 1934, mais ils se rencontrent vraiment l'année suivante. Berty est mariée, mais elle vit séparée d'un mari businessman aux côtés duquel elle s'ennuie et s'étiole.Il la laisse reprendre des études et s'engager dans la vie active en même temps que dans un militantisme féministe et socialiste, une attitude peu courante dans ces années 30. Pour le milieu et la famille d'Henri Frenay, savoir que l'officier affiche avec une femme mariée est scandaleux, mais Frenay affirme là aussi son indépendance en refusant de tenir compte des avis moraux de ses proches et il décide de vivre sa passion avec Berty Albrecht.
Pour Robert Belot, la personnalité de cette femme extraordinaire est au bien centre de la formation politique du capitaine Frenay dès le milieu des années 30 à la terrible année 1943, date de la dénonciation et de l'arrestation de l' "éminence grise" du chef de Combat. On s'étonne alors de ce silence de 50 ans chez les chercheurs à propos d'une femme et d'une militante dont l'influence sur Henri Frenay fut essentielle.
J'en viens à penser que Berty Albrecht ne "cadrait" pas assez avec l'image d'un Frenay militaire un peu limité politiquement qui s'opposa de façon viscérale à Jean Moulin ainsi qu'il est régulièrement présenté... Là encore, le travail de Belot va nous permettre de balayer les clichés.
Cordialement,
René Claude |