... que de l'être, mais en l'occurrence je trouve assez crédible le jugement d'Arno Mayer, qui est assez loin d'être un suppôt de la LICRA :
Petlioura lui-même et son gouvernement n'étaient pas foncièrement antisémites, du moins pas au début. En fait les Juifs étaient officiellement émancipés. Mais dans la première moitié de 1919, au cours de sa lutte acharnée contre l'Armée rouge, Petlioura ferma les yeux sur les pogroms menés ou appuyés par ses propres troupes ou par les hetmans qui échappaient à son contrôle. À ses yeux, ils étaient tout à la fois anti-ukrainiens et pro-bolcheviks, et la logique de la situation était telle que l'embrasement et l'explosion d'un anti-judaïsme populaire et invétéré faisait son affaire. Il finit tout de même par publier un manifeste dénonçant les pogroms et interdisant l'agitation anti-juive. Mais il attendit juillet-août 1919 pour le faire; à cette date, la guerre contre les Juifs greffée sur la guerre contre les bolcheviks avait déjà prélevé son abominable tribut.
(Les Furies : Violence, vengeance, terreur aux temps de la Révolution française et de la Révolution russe, Fayard, 2002, p. 440.)
Cela dit, je rappellerai que je suis un adversaire déterminé des arguments d'autorité, plaiderai que je ne suis nullement spécialiste de l'endroit ni de l'époque considérés, arguerai que la cible de mon propos n'était pas Petlioura mais la partialité consistant à imputer aux bolcheviks tous les morts de la guerre civile, et conviendrai que l'objet "pogroms en Ukraine" attend encore son historien. |