Au lieu de nous situer en 1945 et de voir comment l'accusation procède pour mettre les choses sur le dos de Pétain, en se demandant s'il s'agissait de son écriture et de sa signature, et en étant contrainte d'avouer son échec, plaçons-nous à Vichy en août 42.
Benoist-Méchin n'en est pas à son coup d'essai. Depuis un an et demi il essaye de mettre en place une collaboration militaire et il s'est cru à plusieurs reprises au bord de la réussite. Notamment à la mi-mai 41 et le 10 janvier 42. A chaque fois il s'agissait bien de faire bouger le "vieux" (qui se révélait peu farouche -le grand responsable de l'échec est Hitler, qui voulait bien mouiller Vichy dans une presque signature, mais pas plus), en aucun cas de lui faire un petit dans le dos.
Rien dans l'affaire de Dieppe n'indique qu'un faux aurait, mieux que les fois précédentes, fait l'affaire de Benoist, Brinon et consorts. En revanche, il aurait déclenché un beau tollé chez un Ménétrel et même sans doute, à cette époque, chez un Darlan; et même chez un Laval, fort jaloux de son autorité (à moins qu'il n'ait été à l'origine de la manoeuvre, mais elle jurerait avec tout le reste de ses rapports avec Pétain) : il en serait resté des traces. |