Toujours du livre controversé de Suvorov, "Le Brise glace", cet épisode soviétique en Finlande montre l'efficacité redoutable du tir de précision exercé par les militaires finlandais.
L'Armée rouge se heurta aux embûches de la zone avancée de défense finlandaise. En voici un exemple caractéristique: une colonne soviétique de chars, infanterie motorisée et artillerie suit une route forestière. Impossible d'en sortir: les bas côtés et les abords, de part et d'autre, sont minés. Devant, un pont. Les sapeurs vérifient: il n'est pas miné. Les premiers chars s'avancent et sautent aussitôt, en même temps que le pont qui s'effondre. Les charges explosives avaient été posées dans les piliers au moment de leur construction. Tel un immense serpent, la colonne soviétique, longue de plusieurs kilomètres s'immobilise. A présent, c'est aux tireurs d'élite finlandais de jouer. Ils tirent sans se presser, invisibles, et visent seulement les commandants et les commissaires. Impossible de passer la forêt au peigne fin à cause des champs de mines. Dès que les sapeurs soviétiques s'approchent du pont écroulé ou tentent de désamorcer les mines sur les bas-côtés, ils sont abattus par les tireurs.
La 44e division d'infanterie fut ainsi clouée sur trois routes parallèles qui aboutissaient à trois ponts détruits. En une seule journée de combat, elle perdit son commandement. La nuit tombée elle fut attaquée au mortier. Parfois, elle essuyait de longues rafales de mitrailleuses.
On a souvent dit qu'en Finlande, l'Armée rouge ne se montra pas sous son meilleur jour. C'est parfaitement vrai. Mais qu'aurait pu faire une autre armée dans une telle situation? Battre en retraite? Les tracteurs qui remorquent les énormes canons de plusieurs tonnes ne peuvent pas reculer et les tireurs d'élite abattent les chauffeurs. Tant bien que mal, la colonne réussit, malgré tout, à faire demi-tour, mais derrière elle, un autre pont saute à son tour. Le piège est total. Loin devant, l'Armée rouge se heurte à une ligne de fortifications presque infranchissable. la ligne Mannerheim. Impossible de la percer sans artillerie, sans des milliers de tonnes de munitions qui sont coincées au milieu des champs de mines, des ponts sabotés et du feu des tireurs finlandais. |