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Service secret / Georges A. GROUSSARD

 

Une mine de renseignements sur les activistes du CSAR : de René CLAUDE le mardi 25 mars 2003 à 22h06

Bonsoir/Bonjour,

Quitte à me répéter, je constate une fois encore que "Vies et morts de Jean Moulin" est une véritable mine de renseignements sur les activités clandestines du Comité Secret d'Action Révolutionnaire, le CSAR, plus connu sous le nom de "Cagoule".
Dans un chap. intitulé "La 17e équipe contre Pierre Cot", l'enquêteur rapporte que "le 10 juin 1936, la police effectue une perquisition au siège du PNRS, l'organisation des dissidents de la "17e équipe".Elle y découvre des plans des divers quartiers quartiers de Paris portant l'indication des ministères, des ambassades, des casernes de pompiers, des postes de police. Ces papiers ne laissent planer aucun doute sur les intentions de DELONCLE, CORREZE et FILLIOL. Le CSAR, qui sera baptisé ensuite "Cagoule" par le royaliste Pujo qui détestait ces "dissidents" regroupe une nébuleuse de groupuscules plus ou moins importants comme le Centre d'information et de coopération nationale et sociale, l'Union des enfants d'Auvergne, les Chevaliers du Glaive dirigés par Joseph DARNAND, etc. Tous les membres sont tenus au secret absolu. Y déroger signifie la mort.(...) Des groupes de combat sont armés. DELONCLE complète son organisation clandestine par un paravent légal, une association déclarée à la préfecture de police : l'Union des comités d'action défensive (UCAD), présidée par le général DUSSEIGNEUR, personnalité emblématique de l'armée de l'Air. Cette association a pignon sur rue et son objectif est de regrouper à leur insu les milieux nationaux et les militaires derrière la Cagoule.(...) elle se propose :"1) de montrer les conséquences qu'aurait l'installation du bolchévisme en France; 2) de s'efforcer de combattre la confiance trop absolue en un développement sans frein de la démocratie - dont la limite géométrique est le communisme (?!?); 3) d'étudier les axes d'attaque probables des communistes et leurs objectifs successifs."
L'UCAD est si bien intégrée au système DELONCLE qu'en cas d'absence du général DUSSEIGNEUR, c'est celui-là qui en devient automatiquement le patron.
(...) L'argent n'a jamais constitué un problème pour les cagoulards. Un partie du grand patronat, violemment hostile au Front populaire, effrayée par les grèves et les manifestations ouvrières, se montre on ne peut plus généreuse envers la Cagoule. (...) Elle va tout mettre en oeuvre pour empêcher d'aboutir le projet de pacte militaire franco-soviétique qui constituait alors, aux yeux de la gauche, la seule chance de faire barrage à Hitler et d'empêcher la guerre. A ce titre, la Cagoule va se trouver en permanence en butte à Pierre COT, l'homme politique qui est le plus ardent défenseur du pacte.
(...) L'attitude des cagoulards et autres nationaux recèle néanmoins une importante contradiction : par ricochet, ils se retrouvent alliés de leurs principaux ennemis, les Allemands. Le réflexe idéologique - la peur du bolchévisme - devient chez eux plus puissant que le réflexe national."

On peut aussi ajouter que la Cagoule avait à ce moment-là un puissant protecteur, le maréchal FRANCHET D'ESPEREY.

C'est FILLIOL qui exécuta les frères ROSSELLI en juin 1937, un "contrat" rempli pour le compte de Mussolini. Jehan de CASTELLANE, ami de Pierre de BENOUVILLE et adjoint de FILLIOL à la "17e section", était informé du projet d'assassinat des réfugiés politiques antifascistes.
Le commandant PAILLOLE aboutit à la conclusion de son enquête en affirmant que "La Cagoule a été largement sous-tendue, financée, armée par l'OVRA, organisation proche du Duce et des services spéciaux italiens qui aidait les fascistes en Europe et traquait leurs adversaires, avec pour objectif de participer à la déstabilisation du régime républicain en France.(...) La Cagoule avait des contacts avec l'OVRA, le SIM (service de rens.italien) et l'Abwehr de Canaris...".
P.173-175 et 185.

Pour répondre à Francis, Loustenau-Lacau et Groussard furent bien membres actifs de la Cagoule; ils se heurtèrent à Laval fin 1940 et après le mini putsch des Groupes de Protection GP) de Groussard qui arrêtèrent Laval au nom du Maréchal - une obéissance totale au vieillard qui fut le signe d'une continuité assez extraordinaire dans l'aveuglement idéologique ! Ils se sont toujours trompés en ce qui concerne les vrais ennemis du pays, en 1936 comme en 1938 et à la fin 1940 encore où ils semblent ne pas comprendre le rôle attribué par Hitler à Pétain...
On voit que l'influence "cagoularde" dans les milieux civils mais surtout militaires fut assez profonde avant-guerre pour que de nombreux officiers acceptent la politique de Vichy et considèrent de Gaulle et la France libre comme des dissidents et des éléments anti-nationaux entourés de juifs et de communistes, préférant pour ceux d'entre eux qui entreront en résistance, travailler pour les Anglais. Les autres, Deloncle en tête, rejoindront la collaboration.

Cordialement,

René Claude

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