Cher Monsieur,
Si vous écrivez en dénonçant explicitement les exactions d'un régime ou d'un homme, vous ne faites plus de l'histoire. Un historien qui se penche sur le "cas Hitler" ou le "cas Staline" (à propos, vous qui aimez avertir les jeunes des dangers du totalitarisme -et vous avez raison-, ne trouvez-vous pas que le Staline, Mao ou Pol Pot sont d'autres "incarnations du Mal"? Quand je vois dans mes classes fleurir les T-shirt "Che Guevara", je lance aussi mes avertissements: le "comandante" n'était certainement pas le héraut de la démocratie et de la liberté d'expression, ne croyez-vous pas?), n'a objectivement aucun besoin d'asséner à chaque page une volée d'avertissements. Vous ne pourrez malheureusement jamais empêcher un infime pourcentage de gens de se sentir proches de ces idées malfaisantes. Pour ce qui concerne les bourses d'échanges (que je ne connais peu, personnellement, car le militaria me botte assez peu), c'est la même chose, d'autant plus que le matériel allemand est disponible à profusion, contrairement à d'autres. Sont-ce des repères à "nazillons" ou "nostalgiques"? Il y en a, c'est sûr, mais là encore, j'ose croire que l'exception reste la règle. Je possède une dague d'apparat de la Kriegsmarine, qu'un des officiers qui logeait dans la maison réquisitionnée de mes arrière-grannd-parents, à Boulogne-sur-Mer, a laissée. Je l'ai conservée, et je n'ai pas envie de m'en débarrasser, même si l'idée, je l'avoue, m'a trotté dans l'esprit. Et je me suis dit: c'est un témoignage du passé. Point barre. J'ai bientôt 36 ans et pendant près de 15 ans j'ai monté des maquettes et peint des figurines. Il y avait pas mal de matos allemand dans le tas. Pourquoi: choix important, pourcentage énorme des catalogues des firmes de modélisme. Et on pourrait en rajouter une couche avec les thèmes de "prédilection" des magazines. Moi qui y écris assez régulièrement, je vous prie de croire que les rédacteurs en chef et les "patrons" des éditions avec lesquels je travaille sont tout sauf des fachos, mais, comme tous les professionnels qui vivent de leur travail, ils s'adpatent, comment dire, "au marché", c'est-à-dire aux goûts des lecteurs, qui aiment les "grandes batailles" où les Allemands sont omniprésents; ils adoreraient voir davantage de B1 bis et de R-35, mais les Panher et les Tiger ont la cote! C'est comme ça. Et je me mets dans le lot, moi qui étudie depuis un moment les questions militaires italiennes. Suis-je un admirateur du Duce en osant écrire que le soldat italien avait davantage de courage et de capacités militaires que ce que la propagande de l'époque a bien voulu faire croire? Pierre Milza écrit que les "troupes alpines italiennes se sont comportées en Russie avec beaucoup de vaillance", le qualifierez-vous de fasciste pour autant? Avait-il réellement besoin, selon vous, de mettre en note infrapaginale: "attention, jeunes lecteurs: alpini=armée de Mussolini=alliés de l'Allemagne nazie= PAS BIEN"? Non.
Dernier point, sur les victoires aériennes: le croisement des archives est naturellement primordial, mais il ne garantit en rien un résultat fiable à 100%, étant donné qu'il est prouvé depuis quelque temps que des pertes ont été masquées, autant sur air, que sur terre et sur mer. César, à son époque, trichait déjà, pour obtenir des renforts dans ses campagnes contre les peuples des Gaules.
Cordialement,
David |