Si je doutais encore du passage à l'ennemi de Edmée Delétraz présentée par ses défenseurs comme une agente double/triple toujours contrôlée par Groussard, sa participation pleine et volontaire à l'arrestation de Berty Albrecht ainsi que son rôle crucial dans la souricière installée dans l'appartement de Mme Dumoulin - qui servait de boîte aux lettres des services de sabotage ferroviaire dirigé par René Hardy - m'a convaincu de sa trahison délibérée. Après l'arrestation par Moog de Mme Dumoulin entre le 24 et le 25 mai (1943), son appartement servit de souricière :
Experte en la matière depuis qu'en avril elle a tenu celle installée dans l'appartement du policier Mefret, 9, place des Célestins, Edmée Delétraz est choisie pour monter la garde chez Mme Dumoulin. Sauf pendant ses courts voyages à Mâcon, c'est elle qui ouvre la porte de l'appartement lorsque quelqu'un s'y présente, deux hommes et une femme du SD cachés dans une pièce se tenant prêts à réagir. Le 26 ou le lendemain, une prise de choix est opérée, celle de Marie Reynoard, alias Claire Grasset, quarante-six ans, une agrégée de philosophie (...) qui a maintes fois prouvé sa détermination et son courage dans les rangs de Combat et des MUR avant de devenir la secrétaire de Hardy. Elle ne cédera pas sous les coups (le PC du service Fer, rue d'Enghien, restera inconnu et aucune arrestation de suivra la sienne) et elle mourra en janvier 1945 à Ravensbrück, mordue par des chiens et achevée par les SS à coups de bâton. Naturellement, Delétraz prétendra plus tard avoir sauvé les visiteurs en les avertissant du danger, sur le pas de la porte et à voix basse. Aucun témoignage ne confirmera, et le sort de Marie Reynoard constitue à lui seul un démenti implacable.
J. Baynac, Présumé Jean Moulin, p. 735 et 736.
A ce jour, aucun démenti argumenté n'est, là aussi, venu contredire le rôle d'Edmée Delétraz passée, via Moog, au service du SD et de l'Abwehr.
L'explication d'Edéme Delétraz en agente double/triple toujours en service commandé pour des réseaux résistants vole en éclats. Delétraz aurait eu plusieurs fois l'opportunité de quitter cette partie mortelle mais elle ne l'a pas fait et porte la co-responsabilité de la chute et de la mort de plusieurs membres et cadres des MUR:
RC
PS : Le service juridique de l'éditeur (Grasset) n'a rien trouvé à redire aux conclusions de ce chapitre. Là aussi, personne n'a contredit de manière convaincante l'implication directe et répétée de la maîtresse de Moog à Mâcon (Albrecht) et à Lyon. |