Il est difficile de trouver les éléments pour tracer un portrait psychologique réaliste du colonel Masson. Selon les historiens, Masson fut un censeur, un farouche anticommuniste trop bienveillant à l'encontre des nazis en Suisse qui fut piégé dans sa relation à sens unique avec Schellenberg. Ou alors, c'est le portrait d'un chef de SR trop discrètement pro-alliés qui passa par-dessus les politiques pour entretenir sa ligne secrète avec le redoutable Schellenberg et finit en fusible pour épargner Guisan. Dans les pages de son étude La Suisse des années sombres (Payot, 1989) consacrées au rôle du col. Masson, André Lasserre insiste sur son action de censeur de la presse. A la page 81, il écrit : Le colonel Masson réclama la censure préalable, persuadé qu'il fallait à tout prix museler les journalistes pour que les soldats n'aient pas à payer de leur vie les intempérances de langage de plumitifs qui auraient provoqué la rétorsion allemande. Dans sa liaison à haut risque avec Schellenberg, on sait que Masson s'engagea à faire cesser les supposés excès éditoriaux antinazis/antiallemands de journalistes et de rédacteurs (suisses alémaniques surtout) contre la promesse du collaborateur de Himmler de calmer ses propagandistes nazis en Suisse, ce qui se passa effectivement un temps.
Mais tout cela ne nous dit pas qui fut le colonel Roger Masson, je veux dire humainement, sur le plan des relations avec ses subordonnés, avec Guisan, Barbey, les patrons et rédacteurs en chef de journaux ? Je trouve qu'on nous le dépeint souvent comme fait tout d'un bloc...
RC |