Idéologies plurielles - Le Livre noir du communisme - forum "Livres de guerre"
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Le Livre noir du communisme / Collectif

En réponse à -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2
-1Un débat dépassé? de Jean-louis Margolin

Idéologies plurielles de Nicolas Bernard le mardi 30 octobre 2007 à 17h41

Je vous rejoins sur plusieurs points, mais pas le dernier. ;-)

Effectivement, le Livre Noir du Communisme (Robert Laffont, 1997) marque un tournant, et dans l'historicisation des phénomènes communistes, et dans leur appréhension par les médias et l'opinion. Les données nouvelles qu'il recelait, la franchise des exposés, les pistes offertes à la recherche, bref son apport documentaire aussi riche qu'inédit, ouvrait la voie à une nouvelle manière d'appréhender la réalité historique entourant les régimes totalitaires et autoritaires d'extrême-gauche. Faire de cet ouvrage un instrument politique me paraît dès lors passablement réducteur, à l'image de quantité d'arguments frileusement opposés aux thèses qui s'y trouvaient défendues (voir à ce propos la réponse aux détracteurs rédigée par Pierre Rigoulot & Ilios Yannakakis, Un pavé dans l'Histoire. Le débat français sur le Livre Noir du Communisme, Robert Laffont, 1998).

Il est vrai qu'une certaine complaisance - perpétuons l'expression de Nicolas Werth, et parlons de "malentendu d'octobre" - demeure encore et toujours à l'égard de l'utopie révolutionnaire. Toutefois, je relativiserai la chose en rappelant que si Ernesto Guevara est resté une icône, c'est au prix d'un recyclage de son image dans une publicité somme toute capitaliste, du moins consumériste, qui ne s'arrête qu'à sa célèbre photographie sans chercher à réhabiliter son idéologie, outre que c'est moins le boucher de Cuba que l'homme révolté par la misère et la pauvreté qui hantera nos mémoires. Se pose là une authentique problématique touchant aux enjeux de la mémoire, et qui mériterait ce me semble une étude approfondie.

Pour revenir au communisme, vous récusez l'usage du pluriel, pour n'y voir qu'"une simple facilité pour tenir à distance ce qui vous dérange, et ne conserver que ce qui vous arrange". C'est là qu'intervient mon désaccord. Comme l'écrivent les auteurs du livre Le siècle des communismes (Seuil, coll. Points, 2004, p. 14), "cette diversité [des systèmes communistes, NDLR], qu'il importait de souligner d'entrée de jeu, n'implique nullement qu'on refuse de s'interroger sur la commune identité, au XXe siècle, de ces expériences historiques, de ces multiples formes d'existence du communisme. Mais cette "identité" ne peut s'appréhender qu'à la condition de penser, simultanément, l'hétérogénéité des phénomènes qui la peuplent."

C'est là, en tant qu'adepte de la formule "communismes", une explication qui me convainc tout à fait. En dépit de leur évidente parenté idéologique, les régimes léniniste, stalinien, maoïste, khrouchtchévien, castriste, brejnévien, vietnamien, khmer rouge, révèlent des spécificités découlant des mentalités nationales, des chefs, et des périodes. Lénine était marxiste, mais analysait Marx, sa conception des rapports de force entre classes, de la Révolution, de la violence, dans une optique essentiellement russe. Ainsi que le révèle Philip Short dans sa récente biographie de Pol Pot, le sinistre "guide génial" du Cambodge n'avait qu'une culture marxiste limitée, très marquée par le stalinisme (lequel était une variante tout aussi terroriste que le léninisme, mais bien plus autocratique) et le maoïsme (voir les biographies de Mao réalisées par Philip Short et Jung Chang & Jon Halliday).

Est-ce à dire que les différences l'emportent sur les similitudes ? Evidemment pas : le communisme des rizières, le communisme de Staline, le communisme latino, par delà leurs originalités respectives, restent d'abord et avant tout des formes, tout aussi antidémocratiques et répressives, de communisme. Mais les spécificités nationales et personnelles, conjoncturelles et idéologiques, expliquent des chemins différents, Castro se limitant à devenir une nouvelle république bananière "socialiste" tandis que Brejnev pérennise la domination d'une nouvelle bourgeoisie, la Nomenklatura, que Pol Pot crée en Asie du Sud Est un immense camp de concentration national et que la mort de Mao va ouvrir la voie à une forme originale de communisme, celui de la dictature politique qui accueille très progressivement en son sein une économie capitaliste.

Bref, la déclinaison du concept de "communisme" au pluriel me paraît être une pertinente grille d'analyse, qui évite l'écueil du déterminisme et rappelle que chaque mouvement, chaque système, chaque régime aurait pu suivre un cours différent.

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 bidouillé par Jacques Ghémard le 1 1 1970  Hébergé par PHP-Net PHP-Net  Temps entre début et fin du script : 0.01 s  5 requêtes