Les Allemands pouvaient nourrir des craintes sur le sort réservé aux aviateurs allemands abattus, si les Alliés avaient eu connaissance de la consigne donnée aux pilotes allemands (consigne trés probablement verbale, qui n'a laissé aucune trace) de ne pas laisser survivre un adversaire abattu.
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Voici tout d'abord la source promise :
Junod (dr Marcel), Le troisième combattant, Paris, Payot, 1947, p. 133-140
Son récit ne fait pas état de la moindre crainte allemande, mais de la certitude, proclamée, que les Français sont en train d'exécuter des parachutistes.
L'anecdote m'intéresse en elle-même, ô combien, car elle jette une lumière nouvelle sur la genèse de l'armistice et, partant, de tout le régime de Vichy. Mais aussi parce que, contrairement par exemple à l'arrêt devant Dunkerque, la genèse du statut du 18 octobre ou l'incendie du Reichstag, personnne n'a encore écrit dessus et ne risque de se vexer qu'on affirme le contraire.
La méthode nazie se voit ici dans toute sa pureté : on annonce d'abord des exécutions comme imminentes à quelqu'un qui a des préoccupations humanitaires, évidemment il se récrie et propose ses services, alors on fait mine d'improviser un coup de fil à Ribbentrop (bien incapable, le pauvre, de monter de lui-même un tel scénario, donc son origine est hiérarchiquement supérieure et là deux suspects et pas trois, Göring et Hitler), et on donne un délai de 12 jours... qui expire le 19 juin. Cela vise d'évidence à créer une très forte envie d'armistice au fur et à mesure que cette date approche (et invite donc à s'interroger sur le timing hitlérien en relation avec cette date qui va effectivement être importante : demande par Hitler à Pétain d'envoyer des "plénipotentiaires") et à faire des prisonniers, pendant toute la durée de cet armistice, l'un des principaux instruments de la prise en main de Pétain par le vainqueur apparent.
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