J'arrive un peu après la bataille, mais, bon . . .
Dans le bouquin de Pisani ( Persiste et signe – Odile Jacob 1992 ), je lis:
Les trois couleurs flottent sur Paris!
Avec d’autres, je me faufile et je suis bientôt dans les couloirs du cabinet du préfet de Police. Charles Luizet que je vois pour la première fois doit partir pour une réunion du Comité national de la Résistance présidé par Alexandre Parodi, alias Cérat. L’occupation de la préfecture de Police n’a pas été décidée. Que faire maintenant qu’elle est accomplie? Quelques phrases brèves : le préfet m’installe avec mission de ne rien faire. Surtout ne pas exciter les Allemands dont on redoute les réactions. Je suis là pour garder le téléphone et pour répondre gentiment aux appels qui pourraient arriver.
Pisani, là, dit vrai: il n'a pas fait de résistance, mais s'est trouvé opportunèment à Paris, ce 19 août, près de la Préfecture de police qui vient d'être prise. Charles Luizet, qui a été nommé Préfet de police par De Gaulle, vient d'arriver à Paris et n'a pas de collaborateurs autres que les policiers déjà sur place; il demande à ce jeune homme élégant de tenir le téléphone pendant son absence.
Apparemment, le poste a été bien tenu, puisque le lendemain, Charles Luizet lui propose le poste de Chef de Cabinet (et non de Directeur de cabinet).
Sur une photo en ma possession, on voit Edgard Pisani, le 12 octobre 1944, dans la Cour d’Honneur des Invalides. Le général De Gaulle vient d'épingler la Croix de guerre et la Légion d'honneur sur le drapeau de la Préfecture; il remet le drapeau à Charles Luizet, et Pisani -en uniforme préfectoral- avance le micro...
Pour revenir à la question de départ (qui a sollicité l'intervention de Nordling ?), Pisani dit un peu plus loin, dans le même livre:
En fin d’après-midi, nous réussissons à négocier des cadavres allemands contre des camarades qui sont le nez au mur tout près d’être fusillés. Le consul général de Suède, Nordling, parvient à me joindre et suggère une trêve. Je l’accepte pour plus tard, à la nuit tombée. Sans bien savoir comment, la Préfecture repousse quelques attaques; elle est toujours entre nos mains. La vie s’y organise. On m’apporte à boire et à manger.
Je ne crois pas du tout à la version de Taittinger, qui parait invraisemblable. D'ailleurs, Pisani dit aussi:
Le prédécesseur de Luizet est là, juste au-dessous, dans l’appartement de fonction. Comme les choses semblent se gâter, Bussières indique qu’il pourrait intervenir. Je lui signifie sans ménagement que son rôle est terminé. Je demande qu’on lui interdise toute communication.
Refaire l'Histoire est tentant, et courant; et c'est encore pire sur le Web, où j'ai vu récemment un article qui présentait Pisani comme l'organisateur de l'insurrection du 19 août . . . !
Bien cordialement
MM |