Parmi les recensements du dernier N° de L'Histoire, j'ai relevé celui consacré à une enquête qui semble passionnante :
La Mémoire spoliée. Les archives des Français, butin de guerre nazi puis soviétique de Sophie Cœuré, éd. Payot. (2007)
Le recensement : L’ouvrage de Sophie Cœuré tient du roman policier : « filer » les archives pillées par les nazis dès leur entrée dans Paris, le 14 juin 1940, jusqu’à leur retour en France ces dernières années. Car un « commando » avait été confié par le ministère des Affaires étrangères allemand au baron von Künsberg pour rechercher actes, documents, livres pouvant être utiles à la propagande. Les premiers pillages sont ciblés : papiers et bibliothèques de Léon Blum, Georges Mandel, Marc Bloch, des organisations juives comme l’Alliance israélite universelle, archives de la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA), de la Ligue des droits de l’homme, de la franc-maçonnerie, bibliothèques ukrainienne et polonaise…
S’y ajoutent à partir de 1942 les pillages sauvages de l’Action meuble qui consiste à vider systématiquement les appartements abandonnés par leurs occupants juifs, déportés ou cachés. Une partie de ces biens de papier fut récupérée après l’effondrement du IIIe Reich et rendue à leur propriétaire. Une autre fut confisquée par les Soviétiques, « trophées » qu’ils intégrèrent dans leurs archives ou bibliothèques ou dissimulèrent dans le bâtiment des « Archives spéciales », construit à cet effet. Au début des années 1990, ces papiers que l’on croyait perdus à jamais réapparurent. Leur retour fut l’objet de négociations. Certains documents – l’original du traité de Versailles par exemple – n’ont pas été retrouvés. Au-delà du récit des pérégrinations des archives et des livres, Sophie Cœuré invite à une réflexion sur le rôle politique des archives dans les régimes totalitaires, mais aussi sur la place qu’elles tiennent dans l’identité individuelle. Passionnant.
Encore un titre à lire... !
RC |