
Bonsoir,
La question des sources, de leur fiabilité et de leur accès plus ou moins aisé revient régulièrement dans les articles et les débats consacrés aux guerres du XXe siècle. Ce constat m'a incité à vous proposer cet essai de Sonia Combe qui, s'il fut salué à sa sortie par certains historiens et critiques, suscita également des polémiques assez vives. Le sous-titre retenu, "l'histoire confisquée", nous rend attentifs au constat sévère de l'auteur : "Tandis que les travaux sur les pages sombres de l'histoire contemporaine (Vichy, puis la guerre d'Algérie et les conflits coloniaux) rencontrent de plus en plus l'intérêt du public, l'accès à des archives politiques essentielles reste, quant à lui, souvent difficile voire impossible. Et cela en dépit des promesses d'ouverture et des projets de loi avortés."
La première publication de cet essai en novembre 1994 a déclenché des réactions très contrastées.
Sonia Combe : "Surprise de se voir attribuer une responsabilité et un pouvoir dont elle semblait ne s'être jamais doutée, la communauté des archivistes s'estima dans son ensemble outragée. Cela n'avait rien d'étonnant dans un milieu privé de tradition critique et où, peut-être plus qu'ailleurs, le sens des intérêts de l'Etat, allié à "l'impensé administratif" cher à Gaston Bachelard, a ancré des pratiques dont la légitimité repose sur la seul force de l'habitude."
L'accès aux d'archives "délicates" dépendrait-il toujours du bon vouloir des princes qui accorderaient plus facilement les dérogations à des historiens "en cour" plutôt qu'à ceux dont les thèses peuvent leur déplaire politiquement, ou l'auteur a-t-elle exagérement grossi des habitudes administratives qui demanderaient à être modifiées en fonction de l'intérêt du public pour les dossiers sensibles de l'histoire récente ?
Le débat est (re)lancé.
Cordialement,
René Claude