Bonjour Vincent,
(Presque) pas d'ac du tout.
La France avait-elle moins de chars ? Oui selon les rapports du 2e bureau français et dans l'imagerie populaire. Paraphrase du Général: "L'ennemi s'en était doté, nous pas" Factuellement, c'est absolument faux.
Oui, quantitativement la France avait autant de chars que l'Allemagne. Je crois que personne ne le conteste. Mais quels chars ? D'ailleurs dans ses pages centrales (magnifiques au demeurant) GBM donne le baton pour se faire battre : 893 R35 dont on connait la légendaire efficacité du canon (cf Montcornet), 90 FCM 36 dont on a pu mesurer la faiblesse sur les hauteurs de Sedan le 14 mai et... 504 FT17, parlons du 33e BCC si vous voulez... etc. Quant au B1bis, fleuron de nos DCr, deux exemples : les engins 28e BCC cloués au sol le 15 mai à Flavion par manque d'essence et décimés par des PZ II (!!!) qui les contournaient allègrement ; le 46e BCC à Montcornet, le 17 mai, obligé de ravitaillé durant 3 heures après une progression de... 8 kilomètres ! Et des exemple comme cela j'en ai à la pelle. Il y a eu beaucoup plus de véhicules de l'armée française abandonés sur pannes que détruits par l'ennemi durant les six semaines de campagne. Alors en quantité oui... mais c'est tout.
Nos chars étaient-ils inférieurs aux allemands ? Oui bien sûr si on procède par comparaison des derniers FT-17 encore en service avec les rares Pz-III et IV qui commencent à équiper la panzerwaffe (j'exagère à peine). Non si on considère en détail le parc matériel des deux armées.
L'équipement et les performances des PzD étaient on ne peut plus cohérents avec la mission qui leur était confiée. Pas celui des unités françaises. Et surtout lorsqu'on parle de perfo, il faut tout comparer. Le canon du B1bis, perforait le blindage des Pz IV, certes. Sauf que le Pz IV roulait vite et surtout disposait d'un équipement radio performant. Un fois de plus GBM manque de cohérence en titrant "Nous avions une armée magnifique" et en publiant un article sur ER30, radio destinée aux liaisons de commandement des DCr, alors que l'on sait parfaitement, de la bouche même de son chef le général Bruneau (Cf CEP) que, toujours à Flavion, il n'a jamais pu commander ses unités par manque de liaison radio...
L'armée française était-elle sous-motorisée ? Avec 4 DCR, 3 DLM, 7 DIM et 6 DLC semi-motorisées face à 10 panzer et 7 ID mot, c'est quantitativement inexact là encore.
Là encore, la quantité importe peu. Certes, une grosse partie de la Wehrmacht progressait à pied ou à cheval, mais les Schnelltruppen étaient performantes, cohérentes, parfaitement dotés en unités d'appui et de soutien (génie, AAA etc.) ce qui n'est pas le cas de "la motorisation à la française".
La doctrine d'emploi des blindés était-elle fausse ?
Gloups ! "Ils avaient 3000 chars, nous aussi ; ils ont fait trois paquets de 1000, nous avons fait 1000 paquets de trois"... C'est tout.
La ligne Maginot était-elle inutile et couteuse ? Il s'est agi d'un choix défensif cohérent et en partie efficace si on examine de près le contexte géostratégique et notamment à la lumière de la "leçon" apprise en août 1914.
Là, je suis d'accord.
Ma conclusion : à part la ligne Maginot qui était en cohérence avec la doctrine défensive de la France des années 1930, pour le reste, nous avions l'armée de Bourbaki.
Bonne journée.
JRG |