Bonsoir,
Darlan est assassiné dans l'après-midi du 24 décembre 1942. Le meurtrier, Bonnier de La Chapelle, est jugé le lendemain, le jour de Noël. Condamné à mort au terme d'un procès expéditif, Bonnier est exécuté le lendemain 26 décembre à l'aube.
Dix jours plus tard, Albert Jean Voituriez, jeune substitut près le tribunal militaire de Casablanca est nommé provisoirement juge d'instruction au tribunal militaire d'Alger et chargé par le général Giraud de reprendre l'enquête à zéro.
Deux questions se posent :
1. Pour quelles raisons impérieuses l'instruction et le procès ont-ils été bâclés et pourquoi la condamnation à la peine de mort fut-elle immédiatement exécutée. L'ordre aurait été signé par Noguès.
Notons également qu'il n'est pas dans les moeurs judiciaires de siéger dans la précipitation un jour de Noël.
2. Pour quelles raisons, le général Giraud, assisté du général Bergeret, décident-ils de reprendre l'instruction de l'affaire en la confiant à un jeune juge, fraîchement nommé pour la circonstance, et, en principe, inexpérimenté.
Les motifs exposés par le général Bergeret : *** Les Américains se plaignent d'un bruit qui court, l'assassinat de Darlan serait le fait de nos services secrets. C'est un scandale inadmissible. (...) De notre côté, nous avons appris grâce à nos services de renseignement l'existence à Alger de groupes de personnes qui estiment le moment venu de prendre le pouvoir et qui n'hésiteraient pas à attenter à la vie du général Giraud pour lui substituer leur prétendant ***
Notons que dans les heures qui ont suivi l'élimination de Darlan, la plupart des membres de la mouvance gaulliste ont été arrêtés et incarcérés, sur ordre de Giraud, au fin fond de l'Algérie. Seul René Capitant est parvenu à s'échapper.
Le juge Voituriez instruira méticuleusement l'affaire. Au prochain chapitre, au terme de son enquête, nous vous ferons part de son "intime conviction". Notons déjà que Giraud, à la lecture des conclusions du dossier d'instruction, demandera au juge de prononcer un "non-lieu" ... suscitant d'autres questions. Au prochain chapitre également !
Bien cordialement,
Francis. |