Je me permets de mentionner mon expérience personnelle. Au temps lointain de ma tendre enfance, ma mère m'avait fait apprendre les lettres de l'alphabet, sous la forme majuscules d'imprimerie. Je les connaissais toutes, mais ne savais pas les assembler.
Un jour, sur la table de la cuisine, ma mère a déballé je ne sais quel achat de nourriture, emballé dans du papier journal (à l'époque, ça avait le même rôle que les actuels sacs en plastique!). Le gros titre du journal me fascinait. C'était un quotidien marseillais qui s'appelait LE RADICAL. Et alors, tout bêtement, j'ai dit r-a: ra!
Ma mète trés intéressée, m'a encouragé à continuer. J'ai dit alors d-i: di, j'ai fini avec le plus difficile, parce qu'il y avait ce L final: c-a-l: CAL. RADICAL!
Je n'ai jamais vu ma mère si heureuse. Je savais lire, et à quatre ans. Grâce à la méthode syllabique que nous venions de ré-inventer.
Moi, ça suffisait à mon bonheur, mais ma mère a quand même voulu que j'aille à l'école, l'année suivante, et on m'a bassiné avec cette fastidieuse écriture linéaire des grandes personnes, dont je me serais bien passé! |