La famine, conséquence d'une politique incompétente, mais aussi arme des bolchéviques contre les petits propriétaires terriens et les paysans qui avaient réussi à acheter quelques têtes.
A ce propos, Simon S. Montefiore écrit :
Durant l'été 1931, la pénurie de vivres dans les campagnes commença à se traduire par une vraie famine. Alors que le Politburo adoucissait sa campagne contre les spécialistes industriels vers la mi-juillet, le combat rural se poursuivait. La GPU et les cent quatre-vingt mille militants du Parti envoyés des villes dans les campagnes avaient recours aux fusillades, aux lynchages et au goulag pour briser les villages. Plus de deux millions de paysans furent déportés en Sibérie ou au Kazakhstan; en 1930, 179 000 détenus trimaient dans le goulag, ils étaient près d'un million en 1935. La Terreur et les travaux forcés devinrent l'essentiel de l'activité du Politburo. Sur une feuille de papier couverte de griffonnages, Staline gribouilla avec un gros crayon bleu :
"1. Qui peut procéder aux arrestations ?
2. Que faire des ex-militaires blancs dans nos usines ?
3. Les prisons doivent être vidées.
4. Que faire des différents groupes arrêtés ?
5. Prévoir les déportations suivantes : Ukraine : 145 000. Caucase du Nord : 71 000. Volga inférieure : 50 000 (un grand nombre !), Biélorussie : 42 000, Sibérie occidentale : 50 000, Sibérie orientale : 30 000..."
La liste se poursuit pour atteindre un total de 418 000 déportés. Entre-temps, il additionnait les pouds de blé et de pain sur des morceaux de papier, comme un épicier de village qui aurait gouverné un empire.
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