Bonjour,
Le récit de Groussard nous apprend qu'après son passage en Suisse, c'est à la demande pressante et renouvellée des Anglais qu'il développa son service de renseignement sur la France depuis Genève, mais sans préciser les noms de ses commanditaires haut placés... On ne saura que le prénom de son contact avec Londres, un certain Vic. Lui aurait voulu rejoindre une unité combattante. Son choix le portait vers les FFL, selon lui plus souples et mieux entraînées à cette guerre que les unités de l'armée Giraud dont les cadres lui semblaient figés dans des attitudes sclérosées et surtout une conception du combat dépassée. Il écrit encore que sa décision de rester à Genève pour centraliser les renseignements de ses réseaux lui a certainement valu l'hostilité des Français libres mais aussi des giraudistes.
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Et sur Jean Moulin :
Georges Groussard écrivit ses mémoires entre 1962 et 1964, donc avant le transfert des cendres supposées de Jean Moulin au Panthéon. Le délégué du général de Gaulle n'est mentionné qu'une seule fois dans son livre , ce qui nous éclaire sur le peu d'importance accordée à l'action et à la disparition de l'ancien préfet par la mémoire collective au début des années 60... Ce qui ne veut pas dire que Groussard ne savait rien de l'affaire, simplement, il n'estima pas nécessaire d'en parler dans ses mémoires. D'ailleurs, s'il parle des ravages causés par Moog dans ses réseaux, il ne mentionne pas non plus Edmée Delettraz (ou Delétraz) grâce à laquelle on sait qu'il restait informé d'un certain nombre d'opérations menées par K. Barbie à Lyon.
Il a soutenu son agente alors qu'elle fut accusée d'avoir travaillé pour la Gestapo et très près d'être inculpée pour trahison après l'attaque très virulente du défenseur de René Hardy, Maître Garçon, qui pulvérisa certains témoins de l'accusation simplement parce qu'ils étaient allemands ou leurs agents ! Le silence de Groussard peut signifier qu'il possédait des informations mais ne voulait ou ne pouvait pas parler ou alors qu'il n'estimait pas nécessaire d'écrire ce qu'il savait de la trahison de Caluire.
Cordialement,
René Claude |