Une autorité centrale qui intègre des particularismes régionaux traditionnels, tel est l'apparente contradiction du gouvernement algérien et algérois durant la période ottomane avant le débarquement français de 1830.
Il s'agit (...) dans ce système patrimonial de légitimer les représentants du dey par des relais politiques en place : syndics de corporation, chefs de tribu, etc. C'est dans cet esprit que l'Algérie est gouvernée. Alger et ses environs considérés comme domaine du sultan (Dâr Al Sultan) sont directement sous l'autorité du dey. Les provinces de Constantine, du Titteri et d'Oran, reprises aux Espagnols en 1792 seulement, ont chacune à leur tête un bey auquel sont délégués de larges pouvoirs. A leur tour, les provinces sont divisées en territoires (watan) administrés par des caïds souvent turcs et des cheikhs autochtones cooptés. La situation des tribus variait selon leur statut. Les unes, associées au pouvoir, dénommées makhzen, fournissent des contingents militaires à l'Etat et sont exemptées d'impôts. Les autres re'aya, littéralement le troupeau dont le sultan est le berger, y sont assujetties.. (p. 31)*.
J'ai reproduit ce passage de l'article de Mohammed Harbi, car je trouve qu'il offre un résumé très utile de la structure politique de l'Algérie au moment où les Français vont l'attaquer.
Ceux qui comme Ferhat Abbas cherchèrent jusque dans les cimetières un Etat algérien - ou turco-algérien - sans le trouver n'avaient sans doute pas les informations nécessaires. Il y eut bien une structure politico-administrative précise avant 1830.
RC
* Sous la dir. de Mohammed Harbi et Benjamin Stora, La Guerre d'Algérie. 1954-2004, la fin de l'amnésie, R. Laffont, 2004. |