A propos du temps des illusions coloniales - ou plutôt de la fin de ces illusions :
Barberot, alors colonel reaffecté à sa demande à la 10 région militaire, organisa à partir de rappelés démotivés de l'Armée de l'Air des "commandos noirs" efficaces car vivant sur le terrain au contact de la population, affirme dans son livre de mémoires A bras le cœur que c'est l'incurie et la lourdeur de l'administration coloniale à Paris et à Alger et une armée aussi dépassée en 1956 qu'elle l'avait été en 1940 (il parle du royaume d'Ubu, c'est dire !) plus que les bandes armées du FLN à l'époque peu nombreuses et mal perçues par les Algériens arabes et berbères qui furent à l'origine du gâchis des années 1955-1957.
A dire vrai, la guerre d'Algérie n'était pas la guerre. L'ennemi pour nous n'était pas la rebellion qui en elle-même était négligeable, mais la stupidité de notre action civile et militaire qui l'alimentait en permanence. Pendant toute cette période, la plus grande partie de notre activité fut absorbée par des luttes incessantes contre le système militaire qui paraissait n'avoir comme but que de persévérer en lui-même et ui refusait toute réforme, si modeste fut-elle, de ses règles et de ses structures. Ce n'est pas la rebellion qui arrachait l'Algérie à la France, c'est tout notre système politique, administratif et militaire qui, jour après jour, détachait l'Algérie de la France..
Et Barberot aligne les manquements, les égoïsmes, le carriérisme des chefs civils et militaires. Il épingle un Lorillot capable d'envoyer deux ordres contardictoires dans la même journée, un Soustelle qui s'est fait retourner par les ultras au premier massacre et un Lacoste qui ne voulait "rien savoir des affaires militaires"...
C'est au sortir de la Seconde guerre mondiale, durant la décennie 1945-1955, qu'il aurait fallu entreprendre des réformes en profondeur dans l'Algérie.
RC |