Bonjour Jacques, bonjour à tou(te)s,
Giraud sommant de Gaulle de ne pas instaurer un régime inspiré du nazisme !!! Je tombe des nues là !
Hé bin ! Quand je pense que depuis des années je bosse comme un dingue pour être à la hauteur du webslave, expert de la France Libre et du gaullisme, et vla-t-y pas que l'élève en sait plus que le maître. Euh ! En fait, il suffit de consulter les annexes des "Mémoires" du général. Tout y est !
La lettre, in extenso, de Giraud. Elle est datée du 2 juin 1943.
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Mon général,
Avant-hier, au cours de la réunion préliminaire où nous devions constituer le Comité exécutif prévu par nos lettres précédentes, vous avez posé une question préalable, celle de l'éloignement d'un certain nombre de hauts fonctionnaires et d'officiers généraux d'Afrique française.
Cette nuit, le gouverneur général de l'Algérie nous a adressé à chacun sa lettre de démission. Sans me consulter et sans que notre Comité ait encore été constitué, vous avez cru devoir prescrire à Peyrouton de passer ses fonctions à son secrétaire-général et le mobiliser dans l'infanterie coloniale du Levant.
J'ai le droit de m'étonner du procédé.
L'essentiel, dès le début, est de ne laisser subsister entre nous aucune équivoque. La France et nos alliés attendent. Il s'agit de placer le débat en pleine clarté.
Or, deux doctrines s'affrontent. Elles semblent, à vrai dire, opposées.
En ce qui me concerne, ma position politique est définie par mon discours du 14 mars. Je n'y reviens pas.
Quant à votre position, les journaux clandestins paraissant en France sous votre patronage, les déclarations prononcées à la radio ou en public par certains membres de votre entourage, semblent établir que votre dessein est d'instituer en France, après sa libération, un système politique totalitaire à votre nom; la consultation populaire n'étant envisagée que longtemps après.
Ces déclarations annoncent même une répression massive en France. Suivant les expressions de certains de vos collaborateurs, "la France doit subir une épuration qu'aucun pays, en aucun temps, n'a jamais connue."
L'organisation dirigée par le colonel Passy a adopté les méthodes de la Gestapo.
Votre politique extérieure n'est pas moins inquiétante. Les propos qui vous sont prêtés à l'égard des Anglais, votre refus de rendre visite, à votre arrivée à Alger, au général Eisenhower, font également apparaître une manoeuvre qui, si elle prépare votre révolution, compromet le salut du pays.
Je ne m'associerai pas à une telle entreprise. Elle équivaudrait purement et simplement à établir en France un régime copié sur le nazisme, appuyé sur des S.S. et contre lequel luttent toutes les Nations Unies.
La France ne veut pas cela.
Je vous demande donc, avant toute discussion, de bien vouloir faire une déclaration publique désavouant ces projets et écarter leurs auteurs qui ne pourraient, en aucun cas, occuper un emploi quelconque au Comité exécutif ou dans tout autre poste administratif.
Veuillez croire, je vous prie, à l'assurance de ma haute considération.
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Bien cordialement,
Francis. |