Bonsoir René, bonsoir Laurent, bonsoir à tou(te)s,
In Vichy et les Juifs de M. Marrus et R. Paxton.
+ Les auteurs précisent que l'armée de terre, la marine et l'armée de l'air allèrent beaucoup plus loin que ce que prévoyait le statut des Juifs. La loi portant sur le statut des Juifs excluait les Juifs uniquement du corps des officiers. Les militaires prirent la décision de les exclurent également du corps des troupes. Quelques doutes furent émis sur la légalité d'une aussi importante extension de la loi par simple arrêté ministériel. Comme justification, le vice-amiral Bourragué, chef d'état-major de la Défense Nationale, sous le ministère de l'amiral Darlan, répondit le 5 novembre 1941... Ecoutons plutôt ce sommet de duplicité :
*** Dans l'armée de métier que nous tendons à organiser, il est indispensable que tout engagé soit susceptible de devenir sous-officier. ***
Comprenons que si les Juifs étaient exclus du corps des officiers, ils l'étaient automatiquement comme simple soldat. Ainsi, l'amiral ne s'écartait pas du terrain strictement juridique.
S'adressant à Xavier Vallat, l'amiral Bourragué précisa que *** les services de l'armée était tout à fait dans leur droit lorsqu'ils interdisaient aux Juifs de contracter des engagements. En tout cas, ajouta-t-il, il était impensable de remettre en cause une question qui avait fait l'objet d'une décision commune des trois armes. ***
+ Nous avons fort peu d'indications sur le sort des militaires juifs en AFN.
Par contre, nous savons qu'en Algérie, les Juifs furent exclus des Chantiers de la Jeunesse, après les deux premières promotions. Le général de la Porte du Theil (Commissaire général des Chantiers) s'en explique en raison de la situation en Algérie, où les Juifs étaient un élément "nuisible", "un ferment de désagrégation". Selon le général, les Juifs n'auraient pu profiter de l'expérience des camps parce qu'ils étaient "peu perméables à l'oeuvre d'éducation civique".
+ Retour en France à l'automne 1940.
Les clauses de l'armistice limitait à 100.000 hommes les effectifs de l'armée française dans la métropole. Vichy décida tout simplement d'éliminer entièrement les Juifs de l'armée. Conséquence tragique de cette démobilisation : environ 30.000 des 60.000 Juifs qui s'étaient engagés dans l'armée en 1939-1940 étaient des réfugiés étrangers "que l'on dépouillait de la protection du statut militaire, dont ils avaient si grand besoin, oubliant ainsi, d'un seul coup, la contribution ainsi apportée à l'effort de guerre de la France" (Marrus et Paxton).
Notons que ces ex-soldats juifs furent internés ou envoyés dans des camps de travail. Ils n'en furent libérés que pour être déportés à Auschwitz en août 1942. Les moins malheureux, grâce à l'appui de quelques responsables, furent envoyés en AFN où il rejoignirent les soldats juifs démobilisés qui y étaient déjà internés.
Nous voilà ainsi de retour en AFN. Marrus et Paxton ajoutent que ces ex-militaires juifs "furent mis au travail dans des conditions dignes de l'esclavage, pour la construction des premiers jalons du vieux projet, ramené au jour, d'un chemin de fer transsaharien".
Déchus de leur citoyenneté française, exclus de l'armée, ils furent internés parce que juifs... (Présentation du livre "Quand Vichy internait ses soldats juifs d'Algérie")
- Déchus de leur citoyenneté... sans aucun doute par la simple suppression du décret Crémieux !
- Exclus de l'armée ? Oui en métropole! En AFN, la question reste ouverte.
- Internés ? Il semble bien que oui pour un certain nombre d'entre-eux !
Bien cordialement,
Francis. |