Bonjour,
On comprendra mieux ce précédent texte de Guillermou, en lisant cet extrait du livre de G. Salkin :
Reprise en main des troupes par trop indociles
Le 2e brigade part donc de Sousse le 9 juin pour arriver le 12 au soir à 100 kilomètres de Tripoli, au sud de la route de Zuara à Sabratha ; le bivouac s’installe au bord de la mer, dans les sables brûlants, ce qui n’est pas pour deplaire à Brosset qui a , d’un autre côté, des motifs plus graves de mécontentement ; il a relevé, au cours des étapes, non seulement de nombreux manquements à la discipline de route, mais encore l’inactivité de certains officiers.
Irrité, il inflige alors plusieurs punitions sévères ; il ne supporterait absolument pas qu’à l’instar de la 1e brigade et plus encore peut-être de la division Leclerc, ses unités deviennent des troupes indisciplinées, avec cette mentalité de condottiere. Et ce qu’il a appris, par le contrôleur civil de Gabès, de l’attitude des troupes et officiers de Leclerc le choque profondément, car elle contribue « à faire passer les FFL pour des gangsters ».
Brosset le sait : Koenig est opposé aux abus que l’on constate et, lucide, s’avouant un peu débordé, va même jusqu’à lui proposer une place d’adjoint. « Combien Vautrin manque, qui avait bien vu la situation et commencé à mettre de l’ordre ; pour lui, être jeune ne voulait pas dire être chien.
« Mais aussi pourquoi Larminat, qui est le patron, n’ose-t-il pas donner des ordres à Leclerc pour ramener l’équipe du Tchad au respect des convenances ? Pourquoi Leclerc tolère-t-il des abus inadmissibles de la part de ses troupes ? Peut-être pour la popularité, peut-être par la jeunesse, peu-être par manque de sens du détail ?
« Pour l’heure, il faut absolument que Larminat liquide son groupement qui n’a pas de raison d’être et que Leclerc reprenne en main sa troupe et disparaisse en Algérie où ses éléments dispersés et lui-même doivent pouvoir passer du sang nouveau aux troupes d’Algérie.
« Peut-être, conclut Brosset, le défaut vient-il d’avoir appliqué à une troupe de dissidents les règles et surtout les sanctions disciplinaires d’une armée régulière : il faut pouvoir fusiller par cour martiale avec un dossier de dix pages maximum. C’est ainsi qu’agissaient les condottieri – en vérité, il n’y avait pas alors de dossier, mais dix pages, estime Brosset magnanime, sont la moindre concession à notre époque ».
Gloups !!!
On est loin ici de cette fameuse discipline librement consentie, typique des Français libres , le croyais-je du moins.(j'y crois toujours)
Mais une question :
Leclerc incapable de tenir ces hommes ? Avez-vous des informations sur cette étonnante affirmation ?
Cordialement
Laurent |