Bonjour Ralph, bonjour à tous.

Il faut voir les effets du manque de discipline sur les champs de batailles pour comprendre pourquoi certains officiers très avares de la vie de leurs hommes imposaient une discipline de fer.

Au Maroc les Forces Françaises Libres n'avaient semble t'il que très peu de discipline et cela a crée des problèmes lors de leur arrivée.

Je ne sais rien sur l'époque qui précède cette arrivée au Maroc.

L'entraînement donne par la suite a du remettre au pas l'ensemble si problèmes il y avait.

Les FFL qui arrivent au Maroc sont ceux de la 2e DB. Dans cette division il n'y a qu'une minorité de FFL qui sont principalement dans 3 régiments 1/3:

- le RMT qui vient du Tchad avec Leclerc mais dont les tirailleurs africains ont été remplacés par les Corps Francs d'Afrique créés par Giraud.

- le1/3e RAC qui était l'artillerie de la colonne Leclerc

- Le 1er RMSM dont l'escadron Jourdier est à l'origine et qui a combattu victorieusement en Erythrée, en Syrie, à El Alamein, à Medenine.

-Le 501e RCC issu de la Cie de chars de la France Libre qui a participé aux actions suivantes, Dakar, Gabon, Syrie, et avec le RMSM qui formait avec cette compagnie la "Free French Flying Column", à la bataille d'el Alamein et à celle de Medenine. La 2e Cie était elle avec Leclerc protégeant ses flancs d'une possible attaque vichyste. La 3e a été formée en Angleterre par Branet échappé d'Allemagne par la Russie.

Ces unités ont donc fait la preuve de leur valeur militaire et donc de l'efficacité de leur discipline.

Mais cette discipline est bien différente de la discipline traditionnelle. On ne commande pas de façon traditionnelle des volontaires qui n'ont pas hésité à se mettre au banc de leur nation pour assumer ce qu'eux aussi estiment être leur honneur et leur devoir. De plus comme ces hommes veulent avant tout "faire la guerre", les périodes d'inaction sont préjudiciable à leur moral et on verra même certains d'entre eux déserter lors de ces périodes, mais pour aller au front.

Les voici donc qui arrivent au Maroc où ils sont mêlés à leurs ennemis d'hier. On peut comprendre les états d'âmes des uns et des autres dans cette circonstance inédite. Mettre ces difficultés sur le compte d'un simple problème de discipline me semble très simplificateur. Je crois plutôt que chacun cherche sa place et essaye d'imposer son mode de fonctionnement. Pour les uns c'est la discipline traditionnelle avec laquelle ils espèrent s'imposer, pour les autres c'est leur logique de la rébellion contre un pouvoir qui a faillit.

Je crois que les pages de Jacques Hertz illustrent bien cette période. Il a l'avantage d'être un peu à part, ni dans un camp ni dans l'autre.

En octobre 1943 au casino de Temara, Leclerc convoque tous les officiers (plusieurs centaines) pour une brève rencontre ; le battle-dress côtoyait les uniformes rutilants de l’Armée d’Afrique. Les gens étaient par groupes homogènes ; en attendant le général on parlait bien fort pour n’avoir pas l’air intimidé. Leclerc arrive, sec, blême : "Qu’est ce que j’apprends ! Vous punissez vos hommes quand ils portent la croix de Lorraine ? Sachez que c’est pour nous depuis 3 ans le signe de l’espoir et de l’effort. Les officiers qui ne l’auront pas compris n’ont pas leur place ici. Je vous informe que l’insigne de la 2eme DB sera une carte de la France avec la croix de Lorraine dessus. Vous pouvez disposer". Le silence était glacial.

Amicalement
Jacques