C'est un sujet délicat et discuter des mérites littéraires de récits qui tentent de rapporter l'horreur indicible des camps nazis pourrait sembler déplacé. Si je mets les livres de Primo Levi et Robert Antelme parmi les témoignages les plus forts, c'est parce que ces deux survivants ont su dire avec une sobriété essentielle selon moi indispensable leur expérience concentrationnaire. On sent qu'ils se sont posé la question : comment écrire après Auschwitz ? La réponse est ainsi contenue dans la forme sobre employée.
Après la mort industrielle nazie, les philosophes et les artistes lucides ont demandé : peut-on encore employer des formes d'AVANT pour exprimer l'indicible ? (ou essayer de l'exprimer.)
Je crois que la question est importante, car elle est au cœur de la création de la seconde moitié du XXe siècle.
(Hiroshima et Nagasaki ont également suscité cette question.)

Cordialement,

RC