Bonjour,
Vers la fin juillet 1940, Churchill en personne décide d'attribuer à la France Libre un immeuble entier, au 4, Carlton Gardens, sur l'emplacement de l'hôtel particulier de Palmerston, dans les beaux quartiers, entre le Mall et le Pall Mall, près des clubs illustres du quartier Saint-James.
La description qu'en fait Max Gallo in
"La solitude du combattant" :
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Il comporte sept étages, dont trois au sous-sol, et au moins soixante-dix bureaux. Lorsqu'il a visité cet immeuble de briques blanches, de Gaulle a eu la certitude qu'une nouvelle étape était franchie. Il a choisi un bureau d'angle au troisième étage. La pièce est vaste et claire. Quatre fauteuils de cuir confortables font face au bureau. Il a fait placer une statue équestre de Foch sur la cheminée. Des cartes - de la France et du monde - sont accrochées au mur. La pièce donne une impression d'aisance et presque de luxe avec ce grand lustre à pendeloques de cristal.
Le geste que les Anglais font en lui louant cet immeuble pour 850 livres par mois est un signe politique. Mais on les remboursera! Car la France Libre ne doit pas vivre d'aumône. Elle est souveraine et il lui semble que Churchill l'admet. ***
Au lendemain de l'accord du 7 août 1940 qui reconnaît le général de Gaulle comme chef de tous les Français libres et fixe les rapports entre le Royaume Uni et la France libre, des comptes sont ouverts dans différents ministères pour assurer le financement des activités de la France Libre. Le général aurait murmuré :
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...il faudra veiller à rembourser les prêts dès que possible car il ne doit s'agir que d'avances. Une grande maison ne vit pas d'aumônes... ***
Pour confirmer cette réflexion du général, notons que l'article IV de l'accord prévoit explicitement le remboursement. En voici le texte :
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IV.
1. Toutes les dépenses engagées pour la constitution et l'entretien de la force française suivant les prévisions du présent accord seront provisoirement à la charge des Ministères intéressés du Gouvernement de Sa Majesté dans le Royaume-Uni : ceux-ci auront le droit de procéder à tous examens et vérifications nécessaires.
2. Les montants payés à ce titre seront considérés comme des avances et comptabilisés à part. Toutes les questions relatives au règlement final de ces avances, ainsi que des montants qui auront pu être crédités en contrepartie d'un commun accord, seront l'objet d'un arrangement ultérieur.
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Le remboursement des dettes contractées a-t-il été honoré ? C'est plus que probable ! Comme preuve indirecte, l'une des premières initiatives du gouvernement du général de Gaulle fut de restituer intégralement l'encaisse-or de la Banque Nationale de Belgique que Vichy avait cédé aux Allemands. (*)
Bien cordialement,
Francis.
(*) La saga de l'or belge est évoquée ici, en fin de contribution :
