De Gaulle fut contrarié en découvrant cette co-signature qu'il perçut à la fois comme une mise en avant des FFI et un crime de lèse-majesté. Pour ce qui est de la reconnaissance par le chef de la 2e DB de l'action des FFI, la signature de Rol en était indéniablement le signe envoyé aux combattants. Cette signature lui fit-elle craindre un débordement incontrôlable ?
Selon Rol :
Tout compte fait, je pense que de Gaulle tenait en haute estime le rôle des FFI dans la libération de Paris. Sinon, je ne serais certainement pas devenu Compagnon de la Libération. Mais en même temps, il avait dans la tête toutes les craintes de débordement et de subversion que véhiculaient nombre de ses collaborateurs(*) et il voulait au plus vite se débarasser des FFI. Rol ajoute ensuite que la loyauté de ses troupes était acquise au créateur de la France libre et qu'il le savait à travers les rapports de Chaban ou de Parodi.
Le Connétable détestait être mis devant le fait accompli, surtout lorsqu'un acte - ici la capitulation du général ennemi dans la capitale libérée - revêtait une signification puissante ! Quant au risque de "subversion", en prenant la tête des FFI, Rol avait accepté de laisser à l'arrière-plan ses convictions partisanes pour assurer le commandement en Ile-de- France.
Comme le mentionne son biographe : La citation de la 2e DB à l'ordre de l'armée, parue le 14 janvier 1945 au Journal officiel, ne dira pas autre chose : "A achevé le 25 août la libération de la capitale, recevant la reddition du général allemand commandant la défense, et faisant prisonniers plus de douze mille ennemis."
Bien cordialement,
RC
(*)Une campagne "catastrophiste" fut menée à Londres, à Alger et enfin à Paris par certains gaullistes. Maurice Rajfus en parle dans son essai impertinent La libération inconnue - A chacun sa résistance, au Cherche Midi. (2004) |