Bonjour,
Jacques a écrit à la fin d'un message :
Georges Buis a déjà toutes les raisons de devenir l'ami de Jean Lacouture, et j'aurais rêvé de le voir apparaître dans "Livres de Guerre" ...
Je suis plongé dans la lecture du dernier livre de mémoires du biographe, Une vie de rencontres, Seuil, 2005. Jean Lacouture nous raconte - et avec quelle plume ! - ses amitiés sur un demi-siècle. A propos de Georges Buis qui fut sans doute le moins militaire des officiers free french, il fait le récit d'une rencontre au printemps 1948 avec Orson Welles dans le Maroc encore sous domination française.
Le réalisateur s'y trouvait une fois encore en carafe sur le tournage de son Othello, les producteur hollywoodiens réchignant à financer la fin de ce film.
Certain jour du printemps 1948, ma femme - à vrai dire la plus belle de mes "rencontres" marocaines, et la plus durable - et moi découvrîmes, à la terrasse d'un café du port de Mogador un personnage mirobolant : masque de suie, regard flamboyant, armure d'acier, djellaba flottante sur un corps volumineux, un corsaire médiéval. Il dévorait - il était neuf heures du matin - une langouste. Nous venions de découvrir Orson Welles tournant son Othello...
C'est alors qu'intervint Buis :
A l'incitation de Georges Buis, qui trouvait humiliant que du flux de la fortune coloniale ne fussent pas détournées quelques pépites indispensables à l'achèvement de l'œuvre de ce grand artiste, nous alertâmes pendant quelques mois les bailleurs de fonds éventuels. Je n'oserai dire que c'est à ces démraches que l'on dut l'achèvement de l'Othello d'Orson Welles, qui avait trouvé, sur une côte barbaresque et dans un port bâti par les éphémères colonisateurs portugais, le Chypre où Shakespeare fit débarquer un général maure conduit à se faire l'assassin de son amour.
Bien cordialement,
RC
PS : Pour Lacouture, La Grotte de Georges Buis est le plus beau roman ayant pour cadre la guerre d'Algérie. Je partage bien volontiers cet avis. |