La distorsion de la mémoire - Aubrac, les faits et la calomnie - forum "Livres de guerre"
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Aubrac, les faits et la calomnie / François Delpla

En réponse à -18 -17 -16 -15 -14 -13 -12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2
-1Juste une citation de Jean-Robert GORCE

La distorsion de la mémoire de Serge Desbois le mardi 21 juin 2005 à 19h39

Qu’un ancien raconte ses campagnes avec des variations de décade en décade est un phénomène ordinaire voire physiologique. Sans vouloir me prononcer sur le fond dans votre polémique, que madame Aubrac ait apporté des variations dans son histoire au cours de ce demi-siècle est un fait tout à fait naturel. Tous les anciens combattants tombent dans le même piège de ce que j’appelle la distorsion de la mémoire et qui ne doit pas être confondu avec l’affaiblissement simple de la mémoire avec l’âge.

Nous en sommes tous victimes, jeunes ou vieux. Vous tous, chers co-internautes, vous en avez sûrement fait l’expérience : Retournez sur les lieux de votre prime enfance et vous serez surpris que la cour où vous jouiez quand vous aviez 6 ans, vous apparaît maintenant plus étroite, que la maison de vos grands parents il y a 20 ou 30 ans, que vous vous représentiez avec 2 étages, n’en possède en réalité qu’un seul, que la construction que vous imaginiez en pierres est en réalité en briques etc.etc.

Pire, vous pouvez avoir en mémoire certaines scènes auxquelles vous pensiez avoir assisté alors que la chronologie de ces faits et leurs dates rendent cet événement impossible.

J’ai pu vérifier au cours des dernières années ce processus chez de nombreux anciens combattants d’Indochine que j’avais été amené à interroger pour rédiger un document relatif à une grande bataille au Tonkin en 1950 *. Les témoignages des anciens confrontés aux données objectives des archives et aux constatations faites lorsque nous nous rendons sur le terrain sont souvent loin d’être en pleine concordance. Et pourtant les montagnes ne changent pas de place en un demi-siècle. Donc les témoins de l’époque se trompent.

Il est évident que cette distorsion de la mémoire concerne surtout les faits les moins importants ou accessoires d’un événement historique principal donné et que l’élément essentiel où la vie a été mise en danger reste gravé intact dans la mémoire. Mais si les commémoratifs secondaires autour de l’événement central varient, il est évident que l’historien se demande si celui-ci ou celle-là n’est pas en pleine affabulation.

D’autre part, plus souvent l’affaire est contée, plus elle varie, aggravant le cas du conteur.

Enfin, l’ancien qui a été au centre d’une aventure dramatique a quelques fois tendance à en rajouter pour faire ressentir par son auditoire la gravité de l’événement comme si la froide énumération des faits ne suffisait pas. Par exemple dans la bataille à laquelle je fais allusion plus haut : La perte de 5000 hommes tués ou portés disparus sur 6500 hommes engagés. Il n’y a rien à rajouter ici pour faire appréhender la gravité de ces combats ; et pourtant certains l'ont fait.

Les Aubrac ont trop causé au cours d’une vie très prolongée pour ne pas avoir été victimes comme tout le monde de la “distorsion de la mémoire”.
Quant au fond de l’histoire Aubrac, c’est une autre histoire.

*

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