"Jamais une paix de représaille n'a eu de valeur durable dans l'Histoire" aurait dit Pétain à Hitler, dans un rare moment de dignité. Dans Mein Kampf déjà, Hitler manifestait à l'égard de la France une animosité qui allait rester constante, et qui était presque aussi vivace que l'antisémitisme. Dans ses Libres Propos, les allusions au sort qu'il réserve à la France, aprés la victoire du Reich laissent peu de doutes à ce sujet, et expliquent que les avances de Vichy n'aient pas débouché sur une alliance militaire. Hitler voulait la France vaincue et amoindrie à jamais. Robert O. Paxton a largement démontré que les pathétiques avances de la courtisane vichyste étaient repoussées avec dédain.
Hitler avait annoncé que la France d'aprés la guerre serait "le lupanar" de l'Allemagne. (Ce que de courtois historiens révisionistes ont transformé en "luna-park" pour alléger la violence du propos.)
D'aprés Ray Petitfrère, Hitler prévoyait un défilé de la victoire triomphal, imité des fastes de Rome, où les dirigeants des pays vaincus défileraient, derrière sa voiture. C'est dans ce projet que les dirigeants français entre autre, Daladier, Gamelin, etc... furent détenus pendant toute la guerre à Buchenwald.
Les kollaborateurs zélés qui se mettaient au service du Reich, étaient tout de même considérés avec le dédain attribué aux peuples inférieurs. Contrairement au camp allié, et même à l'URSS, jamais les volontaires français n'ont reçu plus qu'un casque et un fusil. Les armes nobles leur étant refusées. Il n'y eut pas, chez les Allemands, l'équivalent de la 2e DB, ni d'escadrille Normandie Niemen.
En 1940, l'as de 14-18 René Fonck, qui avait recruté 200 pilotes français pour combattre la RAF dans les rangs de la Luftwaffe, s'est vu éconduit. Ayant vaincu trop facilement la France, l'Allemagne n'avait qu'une piètre opinion du combattant français.
Même dans son testament politique, Hitler se félicitait de ce que, malgré sa défaite, une conséquence de cette guerre aurait été de briser définitivement les reins de la puissance française.
Il est même piquant de constater que ce discrédit des Allemands a survécu à la guerre. Les chefs de la nouvelle Luftwaffe, ayant abattu trop facilement les avions français de 40, se refusèrent à faire acheter des "Mirage" français, et préférèrent le Lockheed F.104 américain.
Erreur funeste. Le Mirage était incontestablement plus polyvalent que le F.104. Malgré de nombreuses transformations, les Allemands, consternés, perdirent par accident une bonne centaine de ces avions, et parfois avec le pilote! |