Nous ne tomberons pas d'accord parce que parlons de choses différentes. Vous vous placez plus ou moins dans la position du colon chassé (souvent dans des conditions dramatiques)et certain de ses bonnes intentions. Je parle, moi, du fait colonial pris dans sa globalité et dans sa diversité, du plus anodin au plus criminel ("Civilisation, que de crimes on commet en ton nom" si vous me permettez ce détournement).
La comparaison suivante va vous choquer mais je vous assure tel n'est pas son but: les propriétaires d'esclaves du Sud des Etats-unis ont souvent justifié le maintien de leur "institution particulière" jusqu'en 1865 avec le même type d'argument. Pour résumer: nos esclaves sont bien plus heureux dans nos plantations qu'à oeuvrer misérablement dans les usines du Nord. "Techniquement", ce n'était pas entièrement faux. Etait-ce à l'époque une raison de maintenir l'esclavage ou d'en défendre aujourd'hui les "bienfaits" ? Le colonialisme n'est pas que l'esclavage, de même que l'esclavage n'est pas seulement d'origine coloniale, mais il en est indissociable et peut prendre diverses formes non "officielles". Ce fait de sujétion des populations locales est d'autant plus impardonable qu'il est intervenu en grande partie en un temps ou la liberté était devenue dans les pays colonisateurs mêmes une valeur fondamentale.
Quant à la question posée par vous-même et Arcole, votre argument tient du classique il n'ont pas voulu de nous, qu'ils se débrouillent. Or, les phénomènes de migration de masse dépassent dans toute l'histoire largement cette logique coloniale: si l'Europe attire aujourd'hui, c'est parce que l'Europe est effectivement un Eldorado vu de nombreux pays du Sud comme les Etats-unis le furent au XIXe siècle vus par les pauvres des pays européens ou l'Amérique latine pour les Conquistadores espagnols.
Je n'ai pas de réponse toute faite mais en ce qui concerne l'instabilité chronique des pays africains. Si nul ne peut la contester, elle demeure d'autant plus forte que ces pays ont été taillés à coup de serpe au gré des zones d'influences coloniales. A ce découpage artificiel viennent se greffer des clivages ethniques, religieux, idéologiques et nationalistes. L'Europe donneuse de leçons est par ailleurs loin d'ignorer ces questions (exemple récent de la Yougoslavie, et plus simplement de toute l'histoire européenne du XXe siècle) |