Bonsoir Serge, bonsoir à tous,
Je suis rassuré! Un parent français venait de m'annoncer l'acquisition, à vil prix, de l'édition originale du
"Pétain" de Marc Ferro. Le début de votre contribution me laissait croire que l'ouvrage allait trouver asile dans mes caves humides. Ouf! Il n'en est rien !
Vous avez raison de souligner la focalisation de l'historiographie soit sur le seul Pétain des années 40, soit sur celui de 1914-1918. La Grande Guerre a engendré le mythe du sauveur [voir à ce propos la remarquable contribution de René :
(*)] qui pesa tant sur les décisions et les orientations de la France en 1940.
Il n'en reste pas moins vrai que la personnalité de Pétain, chef de l'Etat français, est bien difficile à cerner. Un homme de la moitié du 19e siècle,
"trop vieux, trop vieux ...." dites-vous très justement :
(*). Un homme du passé incontestablement! Mais peut-on supposer que ses facultés mentales étaient altérées par le poids de ans? Ces proches collaborateurs (Auphan, Laval...) prétendent que non. Pétain suivait une ligne de conduite bien définie et décidait seul. Les remaniements ministériels furent nombreux. En examinant la liste des ministres nommés par Pétain pour exercer telle ou telle fonction, on observe que les choix sont toujours judicieux. Le maréchal s'entoure à chaque fois de ministres/conseillers les plus aptes ou, plus précisément les plus en phase, pour appliquer les réformes. Laval se plaindra à plusieurs reprises de ne pas avoir été consulté sur telle ou telle mesure qu'il n'approuvait pas. (Par exemple, la création de la LFC, du SOL et la Milice).
Quelle était la part de malice - de roublardise, oserais-je dire - de Pétain. Les interlocuteurs étrangers - je songe à l'amiral Leahy, le diplomate américain - notent les absences d'esprit du maréchal lorsque le sujet de conversation déplaisait, suivi d'un brusque réveil lorsque le sujet l'intéressait. Symptôme de sénilité ?
En guise de conclusion toute provisoire, je ne résiste pas à vous recopier un petit texte extrait du
"Journal de guerre" de Paul Struye... impression à vif sur la manière dont Pétain est perçu hors frontières :
En date du 1 janvier 1942
***
Ce soir, message Pétain. Voix plus cassée, ton plus triste, impression plus pénible que jamais. A-t-on fait tourner un disque deux fois ou a-t-il relu, sans s'en rendre compte lui-même, l'un de ses feuillets? Le fait est qu'on l'a entendu répéter tout un passage. Cela ressemblait à du gâtisme. (...). Le spectacle de cet octogénaire, parfois bafouillant, qui prétend incarner une révolution nationale serait grotesque s'il n'était surtout douloureux. (...) Pauvre homme, pauvre France ! ***
Bien cordialement,
Francis.
(*) On ne louera jamais assez le génie du webslave qui nous autorise, d'un simple clic, à sauter d'une contribution à l'autre, lesquelles mises bout à bout étoffent d'une manière diantrement intéressante le débat sur l'un ou l'autre sujet.
PS. J'ai sursauté! Vous conseillez la lecture du
"Pétain" de Paul Bourget. Ah non tout de même, pas Paul Bourget ! En compagnie de Henri Bordeaux et quelques autres, ces auteurs "assommants" étaient au programme des "Humanités anciennes" lorsque j'y usais mes fonds de culottes. Ouf ! Ce n'est pas le même! Il s'agit de
Pierre Bourget.... inscrit en tête de liste des futures acquisitions de livres.