La capitale française libérée, des écrivains collaborateurs ou très complaisants vont se mettre au vert en Suisse. Ils sont rejoints par des personnalités vichystes.
Constant Bourquin, lui, a quitté les éditions du Milieu du Monde au printemps 1944. Après la Libération, il entre en contact avec le banquier nazi François Genoud et l'ex-éminence grise de Laval, Jean Jardin. Le banquier et le politicien ont des fonds pour un projet éditorial mais ne souhaitent pas apparaître publiquement. Constant Bourquin sera donc le directeur officiel de la maison d'édition qui va publier les vaincus, les épurés, les proscrits mais aussi des nazis allemands et des fascistes italiens.
On retrouve les auteurs de l'essai La province n'est plus la province:
Son nom : Au Cheval Ailé. Société simple au nom de Bourquin, le Cheval Ailé est bientôt soutenu discrètement par une société financière écran constituée début 1946, la SOPIC, dont le conseil d'administration est formé notamment de François Genoud, d'Adrien Lachenal et de l'ancien président de la Confédération Marcel Pilet-Golaz. Parmi les actionnaires, des Français - notamment Roland Laudenbach, qui représente vraisemblablement des capitaux de l'industriel Roger Mouton - et des Suisses - Pierre Knechtli, Franco Lehrer. (...) PLus téméraire que Plon ou Flammarion qui ont refusé, [Constant Bourquin] n'hésite pas à publier les notes écrites en prison par Pierre Laval, réunies et présentées par son gendre René de Chambrun. En revanche, les négociations n'aboutisent pas avec Céline, qui a besoin d'argent et qui, depuis que son ancien éditeur Denoël a été assassiné(*), cherche désespérement une maison où republier ses romans..
Le titre Laval parle déposé par Francis fut tiré à 50'000 exemplaires pour les marchés français (prioritaire), suisse romand et belge.
Bien cordialement,
RC
(*) On ne sait toujours pas qui a fait abattre l'éditeur de Céline, d'Aragon et d'Elsa Triolet.
"Contrat" lié à des affaires de marché noir ? Histoire de jalousie et de passion mortelle ? Ou exécution politique... ? Mais alors pourquoi seulement Denoël quand la plupart des grands éditeurs parisiens ont collaboré... ? |