Je ne crois pas que l'hypothèse soit valide. Dans ce cas là, il me semble que seuls les prisonniers de guerre juifs auraient du être abattus, et pas les autres.
A dire vrai, de nombreux éléments doivent être pris en compte :
1) Avant l'offensive des Ardennes, les SS reçoivent pour ordre de faire preuve de brutalité pour semer la terreur chez l'adversaire. L'ordre prévoit qu'il ne sera pas fait de prisonniers si l'avance risque d'être ralentie par les redditions.
2) Le parcours du groupe de combat Peiper est conforme à ces directives : 50 prisonniers américains tués dans les parages de Bullingen le 17 décembre 1944, 19 autres à Honnsfeld le même jour, encore 31 à Cheneux le lendemain, et 8 à Stavelot le surlemendemain, ainsi que 44 GIs à Stoumont, puis une centaine d'entre eux à La Gleize les 18, 21 et 22 décembre 1944... Au total : 538 à 749 prisonniers de guerre auraient été passés par les armes, ainsi que 98 civils (dont 93 à Stavelot le 18 décembre 1944). Des massacres froidement organisés, par des sections disciplinées.
3) A Malmedy ont été retrouvés 71 cadavres. Que révèle l'autopsie ? Que 41 ont été tués d'une ou plusieurs balles dans la tête. D'après les légistes, 10 GIs ont été victimes de coups de crosse dans le crâne. Roger Martin ajoute dans , Dagorno, 1994, p. 76 : "Les coups ont été tirés de face comme en témoignent les organes atteints : visages, poitrines, abdomens. Sur d'autres, une seule blessure est relevée, à la tempe ou derrière l'oreille. Des soldats ont été littéralement exécutés à bout portant, voire à bout touchant. Certains cadavres révéleront des blessures post-mortem. Dans quelques cas, les yeux ont été crevés et une nuque a été broyée comme par un objet très lourd. Un grand nombre de corps ont gelé avec les bras levés au-dessus de la tête de gens qui se rendent."
4) Les trois rescapés américains du massacre n'ont jamais, à ma connaissance, évoqué de quelconques mouvements hostiles de la part des prisonniers américains, ni une tentative de fuite. En fait, il apparaît que le mythe de la tentative de fuite a été propagé par les accusés SS et qu'il a été repris par les propagandistes néo-nazis dans les années 70, quand la première version défendue (à savoir qu'il n'y avait pas eu massacre, mais bataille - authentique !) devenait intenable.
5) Le 18 décembre 1944, ces survivants ont pu alerter leurs camarades, et la 1ère armée américaine a transmis le communiqué suivant : "Troupes SS ont capturé dans secteur L8199 Soldat MP avec environ 200 autres soldats américains. Prisonniers américains désarmés. Opération terminée, Allemands ont aligné Américains et les ont abattus avec pistolets-mitrailleurs et mitraillettes. Témoin blessé et détails complémentaires suivent." (cité in Martin, op. cit., p. 73)
Au final, tout milite en faveur du massacre planifié, et non d'un quelconque "accident". Le contexte décisionnel, le nombre de victimes, la nature des blessures, les différents témoignages donnés, et le fait que ces meurtres s'insèrent parfaitement dans le sanguinaire périple du Kampfgruppe montrent bien qu'il s'agit là d'un assassinat pur et simple : les SS n'ont pas fait de prisonniers car les directives transmises par leur chef Peiper étaient parfaitement claires à leur égard. |