Bonsoir,
Ce qui caractérisait l'attitude "politique" de Gaston Gallimard, c'est une extrême prudence qui fut pour certains l'expression d'une sorte de lâcheté. Lors du premier conflit mondial, il parvint à se faire réformer grâce au réseau de relations de sa famille. Il n'a d'ailleurs jamais caché qu'il ne voulait pas aller au front, assumant cette forme de désertion de l'intérieur.
Sous l'Occupation, il laissa Drieu la Rochelle, nazi déclaré et ami d'Otto Abetz, diriger la Nouvelle Revue Française pour donner un gage aux maîtres de l'heure tout en protégeant Jean Paulhan qui aidait les éditeurs clandestins et prit part à la création des Editions de Minuit. Pour Dominique Desanti qui a signé une bio de Drieu, il est évident que l'auteur de "La comédie de Charleroi" savait que Paulhan travaillait pour le Réistance. Pas dupes, ils se croisaient dans les couloirs de la maison d'édition et s'appréciaient.
On sait que Drieu protégea Aragon qui avait été durant les années 20 son meilleur ami...
L'expression "ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier" semblait lui convenir ... Véritable pouvoir (ou contre-pouvoir) en France, tout le monde avait intérêt à ménager les éditions et leur patron. Durant la période de l'épuration, Gaston fut à peine inquiété. Ses avocats étaient Malraux et Aragon.
Bien cordialement,
RC |