Bonsoir,
En affirmant sur le plateau des Dossiers de l'écran et dans les livres qu'il publia à l'époque que Jean Moulin était l'homme du PCF dans le CNR, Henri Frenay ne se doutait pas qu'il avait déclenché chez Daniel Cordier une réaction telle qu'elle serait à l'origine d'une œuvre unique, à la fois étude historienne érudite et défense d'un homme hors du commun.
Dès le premier tome de Jean Moulin, l'inconnu du Panthéon, la rigueur du biographe-historien réduit la thèse du patron de Combat à une rumeur.
Comme l'écrit Olivier Wieviorka dans l'ouvrage collectif :
Se fondant sur des documents difficilement récusables, l'ancien secrétaire de Rex reprend les "onze indices" proposés par Frenay qu'il réfute un à un. Ce travail de bénédictin démontre clairement l'inanité de la thèse proposée par le patron de Combat et n'appelle guère de correctifs. Rappelons simplement que Frenay ne s'appuie sur aucun document d'archives et privilégie une démarche déductive. Posant que Pierre Cot, dès le Front populaire, est un compagnon de route du Parti communiste français, il prétend que Moulin partage les sentiments de son patron. "Aucun écrit de sa main, aucune confidence de sa part ne permettent de l'affirmer", précise-t-il. Mais comme les deux hommes "ont été en constante relation" et que Cot, après-guerre, déclare n'avoir "jamais senti de différence dans nos opinions"; Henri Frenay se croit en droit de poser que les deux hommes, avant la débâcle, travaillent de concert pour le Parti.(...) Mais la matérialité des rapports entre Cot et Moulin n'est jamais établie, hormis une sollicitation excessive des souvenirs de Laure Moulin et des propos tenus, après la guerre, par Pierre Cot. Frenay, enfin, postule la linéarité des itinéraires, sans jamais envisager que des évolutions chronologiques aient pu se produire.
(p.363)
Bien cordialement,
RC |