Bonjour,
“Pamphlet ? Ce mot sert à désigner la vérité qui déplait ”.
Je crois que la définition proposée par Henri Guillemin du pamphlet colle bien à ce que fut - et reste - ce genre littéraire. Mais là où je vous rejoins, c'est qu'il est peu habituel de lire ce genre dans le cadre des études historiennes qui fonctionnent sur la distance temporelle et critique. Le pamphlet, lui, a un lien direct avec l'actualité politique et sociale contemporaine de l'époque où il est rédigé. Il a pour fonction d'attaquer un régime ou une personnalité dont l'auteur veut dénoncer les manques et les tares, la corruption étant en général le premier grief d'un auteur de pamphlets.
On sait, par exemple, que Beaumarchais, le chevalier d'Eon et quelques autres fines plumes (et lames !) du XVIIIe publiaient en Angleterre des pamphlets contre la royauté, des livres percutants, populaires - ils mirent les rieurs de leur côté - et subversifs qui révélaient certaines réalités de la Cour.
Aujourd'hui, un écrivain tel Patrick Besson est un vrai pamphlétaire, teigneux, talentueux et en prise directe avec l'actualité française. Alain Soral en est un autre. Mais ces deux-là ne font pas œuvre d'historiens.
En revanche, il y a une dimension pamphlétaire - et donc excessive - évidente dans les livres d'Henri Guillemin qui en font un chercheur atypique. De son vivant, Guillemin s'attira l'inimitié d'écrivains et d'historiens éminents justement par cette dimension qui le conduisit parfois à franchir les bornes de la retenue chez l'historien, voire le critique brillant qu'il était. (Il s'en prit à Gide, à Malraux entre autres grands formats, ce qui indigna Mauriac. Guillemin affirmait que les "grands hommes" n'étaient pas intouchables, Mauriac pensait qu'il existait des frontières à ne pas franchir.)
D'après la présentation, L'Affaire Pétain fut écrite en 1945, année du procès du maréchal; on peut donc ranger ce titre dans le genre pamphlétaire à cause de la proximité de l'événement.
Bien cordialement,
RC |