Bonsoir,
Jacques Baumel écrit aussi que l'éviction de la candidature pourtant très logique d'Henri Frenay à la tête de l'armée secrète au profit de celle du général Delestraint lui parut alors incompréhensible et également injuste.
Le général Delestraint, admirable patriote, était un soldat de tradition, fait pour se battre au grand jour. Or il fut amené à prendre la tête de l'armée des ombres, ce qui, pour lui, était, au sens strict du terme, une "drôle de guerre".
C'est Frenay qui contacta le premier Delestraint, espérant faire du général son adjoint.
Mais Jean Moulin vit aussitôt l'occasion de l'écarter (Frenay) du poste qu'il briguait pour lui-même et de lui susciter un rival, tout en feignant de croire qu'il lui cherchait seulement un adjoint.
Moulin, tête politique, prit de vitesse Frenay et persuada Delestraint de prendre la tête de l'armée secrète. Informé, de Gaulle confirma le choix de son délégué, au grand dam de Frenay.
Là encore, outre le fait que le patron de Combat irritait on peut se demander si de Gaulle, estimant qu'un général à la tête de l'A.S. serait davantage en mesure d'impressionner les Alliés à la place d'un "simple" capitaine, fut-il le créateur historique du premier mouvement de la Résistance intérieure et son animateur inlassable, n'utilisa pas le préavis de son délégué pour empêcher Frenay et les cadres de Combat d'acquérir un trop grand pouvoir militaire. (Frenay s'était exprimé contre la séparation entre le politique et le militaire dans les Mouvements.)
Bien cordialement,
RC |