le Glossaire de Francis n'a rien trouvé dans : Un exemple poignant ! de Francis Deleu le samedi 26 juillet 2003 à 23h03
Bonsoir,
L'ouvrage d'Henri Amouroux, "Pour en finir avec Vichy", fourmille d'anecdotes qui montrent l'extrême déliquescence de toute une société prise de panique.
Le 10 juin 1940, l'hôpital d'Orsay, près de Paris, est déserté par ses médecins et ses responsables. Sept infirmières sont restées sur place pour s'occuper de 80 vieillards et grands malades mais aussi des blessés civils et militaires que des unités en retraite leur confiaient au passage. Les Allemands approchent. L'hôpital est évacué sauf six grands malades intransportables. Que faire? Sur le "conseil" d'un médecin-major de passage, quatre des infirmières administrent des piqûres de sédol et de morphine à forte dose. Elles ne songent pas un instant que leur devoir, plutôt que de tuer leurs malades, est de rester au chevet des intransportables en attendant l'arrivée des Allemands. Dans la panique générale, elle ne songe qu'à fuir.
Peut-on le leur reprocher? Le hasard a voulu qu'en 1942, l'affaire arrive entre les mains de la justice. "Ce meurtre est un meurtre à motif altruiste commis à la faveur d'un obscurcissement du sens critique sous l'emprise d'une émotion collective" fut-il décrété. Sans l'admettre, nous dit Amouroux, les juges avaient compris la dérive qui avait conduit ces infirmières à tuer leurs malades... dans l'espoir de les "sauver" du pire.
Bien cordialement,
Francis. *** / *** |