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Philippe Chapleau est un très bon spécialiste de l'histoire du deuxième plus vieux métier du monde : mercenaire. Depuis que des armées constituées existent, donc dès l'Antiquité, comme le rappelle justement le sous-titre de cet essai, des hommes se vendent à des Etats pour vivre en faisant leur métier : tuer leurs contemporains.
Abordons maintenant la période qui intéresse plus spécifiquement les lecteurs de Livres de Guerre :
Juste avant la Grande guerre (crise des Boers en Afrique du Sud) puis durant le conflit mondial, le mercenariat fut "dévalué" au profit d'un volontariat marqué du patriotisme et de la nécessité de lutter contre l'impérialisme prussien. On pense au caporal Blaise Cendrars, citoyen suisse, qui s'engagea dans la Légion et rédigea un "Appel aux volontaires étrangers" en 1914. Cet appel eut un écho réel puisqu'il permit à La Légion d'incorporer des volontaires italiens, suisses, etc. Plusieurs centaines de Voltigeurs canadiens s'enrôlèrent dans un bataillon de marche. L'escadrille Lafayette, formée de pilotes américains, s'illustra avant l'entrée en guerre des Etats-Unis en 1917.
Pendant la guerre d'Espagne, des milliers de volontaires politiques s'enrôlèrent dans les deux camps. On pense bien sûr aux célèbres Brigades internationales qui comptèrent dans leurs rangs d'authentiques soldats de fortune bien rémunérés, dans l'escadrille commandée par Malraux notamment. Juste avant le début de la Seconde guerre mondiale, mentionnons encore les "Tigres volants" de l'American Volunteer Group créé par Claire Chennault qui se battaient pour leur patron le général Tchang Kaï-chek contre les Japonais.
Là aussi, les cachets étaient élevés et les primes intéressantes : 500 dollars pour un avion japonais abattu. Une belle somme pour l'époque !
Volontaires aussi, plus ou moins politisés, les Français de la LVF puis de la Waffen SS dont les combats ont suscité une abondante littérature basée trop souvent sur une fascination malsaine.
C'est avec la fin des empires coloniaux sur fond de guerre froide que les soldats de fortune "apolitiques" reprirent du service en Afrique et en Asie. Comme l'écrit Philippe Chapleau, ce fut le temps des "affreux". Parmi ces "chiens de guerre", on ne peut pas ne pas évoquer la trajectoire invraisembalble de Bob Denard, "corsaire de la République" comme il aime se faire appeler, ce qui est vrai et faux tant les liens entre lui et les services secrets français furent compliqués.
La fin des deux blocs et l'explosion de dizaines de conflits localisés ont, hélas, boosté le job des mercenaires d'aujourd'hui qui sont devenus des technokillers soucieux de leur image pour investir de nouveaux marchés de la mort.
RC
PS : L'iconographie d l'ouvrage est bien choisie.