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La ligne de démarcation

Danièle Gervais-Marx

*** C'est à Vierzon que je suis pour la première fois passée du bon côté, sur la crête qui sépare la vie de la mort. Pour ceux qui, comme moi, découvrirent qu'ils étaient juifs lorsque furent mises en oeuvre les premières mesures discriminatoires, le monde bascula d'un seul coup dans une absurdité meurtrière. J'avais huit ans en 1940, lorsque la mère et moi nos nous heurtâmes à cette "ligne de démarcation" qui venait de couper la France en deux et que nous voulions franchir.
Au cours des quatre années qui suivi­rent, il a fallu tenter de deviner jour après jour, où passait la ligne séparant la vie de la mort.
Beaucoup n'ont pas eu la chance de rester du bon côté de cette ligne. Mais parmi les survivants, aucun n'est sorti indemne de l'expérience. On ne se remet pas du constat que le monde peut brusquement perdre tout son sens, qu'une fois franchie la ligne qui sépare habituellement la normalité de l'anormal, la réalité de l'irréel, chaque geste devient lourd de significations particulières dont certaines sont une menace et conduisent à la mort. La folie présente dans les jours ordi­naires marque tous ceux qui l'ont connue. Si l'expérience vaut d'être transmise, c'est qu'elle en recouvre une autre, moins visible mais toujours d'actualité, celle de l'exclusion. La ligne de démarcation, c'était aussi et c'est encore celle qui sépare les gens "marqués" de ceux que rien ne menace et qui, pourtant, leur ressemblent.
***

Danièle Gervais-Marx en avant-propos.

**********

*** Les oscillations du balancier de la mémoire sont singulières. Car dans les années qui suivent la Libération et qui succèdent au retour des rares rescapés d'Auschwitz-Birkenau, la tragé­die des juifs, qu'ils fussent français ou étrangers, ne mobili­se guère l'attention de l'opinion publique française et encore moins celle des médias. Rappelons que Nuit et Brouillard, le remarquable film d'Alain Resnais s'appuyant sur un très beau texte de Jean Cayrol, ne dit mot des déportés raciaux. Dans les années quatre-vingt, la tendance s'inverse : la France de l'Occupation est revisitée avant tout à travers le prisme de la tragédie juive, ce qui incite les éditeurs à publier non seulement des études savantes mais encore plus des récits de vie sur les persécutions et la traque de la commu­nauté juive. Depuis cinq ou six ans, la donne s'est brouillée : les maisons d'édition publient encore les travaux d'historiens ayant pignon sur rue mais rechignent à offrir aux lecteurs les témoignages des soutiers de la souffrance, comme si la vie quotidienne des exclus des années quarante avait fini par las­ser. Et il est significatif que Danièle Gervais ait rencontré bien des difficultés pour trouver un éditeur.
Danièle Gervais, âgée de 8 ans en 1940, avait vécu une enfance heureuse dans une famille juive parisienne, relative­ment aisée sans appartenir pour autant à la haute société israélite. Cet adjectif - à l'époque le plus communément uti­lisé - désignait les familles de Juifs implantés en France depuis des décennies qui avaient servi, avec fierté et dévoue­ment, leur patrie française et tout autant la République. La petite Danièle avait bien perçu, ici et là, des traces d'antisé­mitisme mais rien ne laissait présager la tornade des années noires.
Car la communauté juive crut que le ciel lui tombait sur la tête, quand, à peine installé, le régime de Vichy, sous la hou­lette d'un Philippe Pétain auquel la très grande majorité des Français s'était donnée, publiait des textes transformant ces Israélites en citoyens de deuxième ou troisième zone et inter­nant les Juifs étrangers. Cette politique d'exclusion, nourrie par un antisémitisme d'État censé lutter contre "l'ennemi intérieur", tournait le dos à des décennies d'esprit républi­cain. Du jour au lendemain tout avait basculé, la France ces­sait d'être un sanctuaire alors que l'occupant, lui, allait très rapidement mettre en œuvre dans la totalité de l'Hexagone la "solution finale"
.
La ligne de démarcation nous invite à une plongée dans la mémoire d'une petite juive bringuebalée de Paris à Marseille, puis en Dauphiné dans le village de Hauterives, où allaient s'affronter, en août 1944, les forces de répression allemandes, particulièrement sauvages, et des maquisards du Vercors. A travers des lettres, Danièle Gervais a pu égale­ment reconstruire la vie d'une recluse dans Paris occupé, le chemin de croix de ceux et celles qui allaient mourir à Birkenau, le courage de celle qui allait survivre à l'enfer de Bergen-Belsen. On sait que, grâce notamment à des compli­cités, qui autorisent à mettre entre parenthèses les délations, les trois-quarts de la communauté juive en France étaient saufs en 1945. Mais, aucun des survivants ne sortira indem­ne de ces temps d'airain.
Ce livre a le mérite d'éviter le ton du réquisitoire, d'esquiver les pièges de l'anachronisme, tout en sachant, quand il le faut. appeler un chat, un chat. Construit autour de chapitres brefs mais dénués de tout bavardage, offrant une somme de petits faits vrais, il donne toute son épaisseur à la "grande" Histoire.
***

Jean-Pierre Azéma en préface du livre.

Francis Deleu.

 

Editeur : Hachette (collection "Pluriel")
Date edition : 2004
ISBN ou ref : 2.01.279189.1
Support : livre
Genre : récit ou roman
Période concernée : de 1939 à 1945
Région concernée : Ouest Europe

Proposé par Francis Deleu le dimanche 08 janvier 2006 à 12h56

Dernière contribution le vendredi 21 septembre 2007 à 10h37

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