Jean-Jacques Langendorf est né d'un père allemand exilé qui fut colonel de l'armée américaine et d'une mère citoyenne helvétique.
Après une jeunesse très libertaire durant laquelle il se plût à remettre en cause les codes de la trop sage Helvétie et une formation d'historien spécialisé dans les questions militaires, il est aujourd'hui un écrivain de talent (romans et nouvelles) et un essayiste qui est aussi un polémiste de droite redouté. (Il enseigne à l'Institut de Stratégie comparée et à l'Ecole pratique des Hautes Etudes à Paris.)
Patriote susceptible, il a rédigé cet essai pour répondre à ce qu'il décrit comme une opération de dénigrement de la Suisse par une grande partie de ses élites : écrivains, chercheurs et journalistes auxquels il reproche une sorte de masochisme collectif aggravé par une méconnaissance des questions politiques, militaires et économiques de la Suisse durant la deuxième guerre mondiale.
Dans cette étude qui emprunte parfois les accents d'un pamphlet, l'historien militaire atypique veut démontrer comment la politique de la Confédération fut, entre 1939 et 1945, la meilleure possible : "Cela signifie qu'elle n'a certes pas été parfaite, qu'elle a commis des erreurs - erreurs qu'il est facile de fustiger a posteriori - mais que ces erreurs ont été largement compensées par un bilan positif puisqu'elle a préservé sa souveraineté nationale et a échappé aux horreurs de la guerre sans déroger aux règles de la neutralité. Cette indépendance sauvegardée lui a permis également de tenir un rôle positif en accueillant un grand nombre de réfugiés politiques et militaires par son action humanitaire." (4e de couv.)
Ces affirmations sont bien sûr à nuancer et on a parfois le sentiment en découvrant l'essai brillant et enlevé de l'historien qu'il est devenu le porte-parole officieux de certains cercles d'officiers et d'une sensibilité nationaliste qui en rajoutent un peu en réaction à l'auto-flagellation des chercheurs et écrivains "progressistes" suisses.
Langendorf fut l'un de ces anarchistes suisses en quête d'ordre et son long virage politique le conduit quelques fois à exprimer des points de vue trop réducteurs qui sont aussi discutables que ceux de ses collègues historiens "politiquement corrects" qu'il attaque.
Cordialement,
René Claude |