L’auteur
Diplômé en Histoire, Éric Kerjean s’intéresse à l’histoire de l’Allemagne contemporaine et à l’un des principaux dignitaires nazis : l’amiral Canaris. Ses recherches sont dédiées à l’histoire de la résistance conservatrice à Hitler. Chaque semaine, il coanime avec Gwendal Piégais La République n’a pas besoin de savants, une émission de radio consacrée à l’histoire et à la philosophie. Canaris est son premier ouvrage, fruit de ses recherches universitaires.
Antiquisant à ses débuts, Éric a réalisé la traduction de deux textes latins qui s'intéressent aux relations entre chrétiens et juifs à la fin de l'empire romain, et qui seront publiées prochainement.
Le livre
La thèse d’Eric Kerjean peut se résumer ainsi : « CANARIS, l’espion tellement discret et bien planqué que même après sa mort, il n’est encore pas démasqué »…
Ce livre se lit presque comme un roman policier mais est riche en sources et détails inédits.
On y découvre un Canaris profondément affecté par la défaite allemande de 1918 et qui, comme beaucoup de vétérans de la Grande Guerre, dont Hitler, vomi les révolutionnaires de novembre 1918 qui auraient fait croulé le Reich et provoqué la défaite, responsable selon lui du « coup de couteau dans le dos ». Il devient membre actif des Corps Francs, fait partie de l’équipe qui organisa l’assassinat des leaders spartakistes Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht et milite pour le mouvement völkisch et en faveur de la contre-révolution. Il se livre à plusieurs opérations douteuses afin de financer le réarmement clandestin de la Reichswehr.
Il rencontre Reinhard Heydrich en juin 1923 et se lie avec lui d’une amitié sans failles jusqu’à sa mort en juin 1942.
Son enthousiasme lors de l’arrivée au pouvoir des nazis fera de lui le chef de l’Abwehr et un fidèle serviteur de Hitler jusqu’au bout.
Sa disgrâce en février 1944 est en fait une feinte nazie de plus. Il s’agit de faire de lui quelqu’un de « présentable » afin de tenter de négocier une paix séparée avec l’Occident. Son exécution en avril 1945 fait partie des soubresauts sanglants du nazisme aux abois.
Un coup de pied de plus, et un sérieux, dans la fourmilière des légendes qui foisonnent encore au sujet du nazisme.
Présentation de l’éditeur
Rares sont les hommes dont le parcours semble aussi ambigu que celui de Wilhelm Franz Canaris : depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui, journalistes et historiens le présentèrent comme le chef de file de la résistance allemande à Hitler. Qu’en est-il vraiment ?
Nazi convaincu, ami intime de Heydrich, Canaris a incontestablement fait de l'Abwehr, les services secrets militaires de Hitler, une redoutable machine de guerre et de domination au service du Troisième Reich. Et pourtant, cet amiral a parallèlement réussi à s'imposer, dès 1938, comme la figure tutélaire de la résistance au sein de la Wehrmacht. Il est vrai que sans jamais intervenir directement dans les projets de l'opposition, le chef de l'Abwehr a toujours eu connaissance de ses objectifs.
Mais Eric Kerjean démontre, grâce à une relecture complète des archives, que ce génie du contre-espionnage laissa en réalité son service de renseignements se transformer en haut lieu de la résistance pour mieux la contrôler. Maître du double jeu, il l'intégra comme un espion infiltre un groupe ennemi : pour le manipuler et l'empêcher d'agir. Contrairement à la Vulgate qui fait de Canaris un traître à Hitler, il fut en réalité son meilleur serviteur et son plus grand protecteur.