En plongeant avec l'historien belge dans la gigantesque gabegie qui englua les chefs de l'armée française en mai 1940, on comprend mieux le souhait, exprimé ou non-dit d'oublier ou d'effacer cette affreux et honteux gâchis dans les années qui suivirent la Libération.
On pourrait citer de nombreux épisodes plus navrants les uns que les autres, mais j'ai retenu le vol de Weygand, tout juste nommé général en chef de ce qui subsiste des forces armées françaises, et qui veut se rendre compte par lui-même de la situation dans le Nord ainsi que de l'état d'esprit du roi Léopold III et de ses ministres toujours alliés de la France: après avoir effectué un vol risqué dans un bombardier qui n'était pas armé (!), il se retrouve sur un terrain abandonné depuis deux jours (!!) où son aide de camp doit réveiller un simple troufion qui embarque le généralissime dans une antique Ford afin de trouver un téléphone en état de fonctionner...
Il parviendra à Calais mais sans avoir réussi à retrouver le général Billotte qui devait l'attendre mais dont l'état-major prétendit avoir reçu un ordre d'annulation du déplacement de Weygand (!!!), etc, etc, etc.
Il n'est pas étonnant de retrouver dans la guerre et dans la résistance les quelques officiers ayant tenté au moins de faire quelque chose afin de ne pas subir ce naufrage collectif. (De Lattre, Delestraint, Frenay, etc.)
Un livre édifiant.
Amicalement,
René Claude |