Bonsoir,
Il n'existe aucune trace écrite - PV ou rapport - de la première rencontre ( 3 mars 1943 à Biglen) entre le général Guisan, le commandant en chef de l'armée suisse et chef du contre-espionnage nazi Schellenberg. Ce n'est guère étonnant, car on sait que Guisan avait pris l'initiative de ses contacts sensibles sans en référer au pouvoir politique, les conseillers fédéraux qui sont les ministres de la Confédération.
Hitler et les chefs nazis étaient bien sûr informés depuis des années des divergences au sein du gouvernement suisse et dans les élites du pays : dès lors, il était tentant pour Schellenberg de sonder Guisan (l'armée). Il obtenait des renseignements sur la position des officiers supérieurs par rapport à la ligne neutraliste officielle et pouvait espérer renseigner Hitler sur la volonté de résister de l'armée helvétique contre une attaque de la Wehrmacht. Comme le dit Laurent, Schellenberg déduit des échanges avec Guisan que les Suisses n'opposeraient pas une résistance déterminée dans le cas d'une attaque alliée par Genève ou l'Italie du Nord... Alors qu'une agression du Reich déclencherait une défense opiniâtre.
Bien sûr, l'absence de documents pousse les historiens aux déductions : ils travaillent sur le climat idéologique des cadres de l'armée, de l'Etat-major particulier de Guisan et des SR dont on sait qu'ils furent plus ou moins discrètement pro-alliés.
Je persiste dans mes petites recherches. Je vais lire le Journal de l'année 1943 de Bernard Barbey.
Cordialement,
Ren Claude |