Je trouve que cette question (de confiance) est excellente mais je doute que nous trouvions une seule réponse.
D'abord le premier constat de Pierre (le livre ne faisait pas scandale) est corroboré par d'autres constats. Francis nous dit que ce texte était objet d'étude dans les écoles Belges. Je trouve le livre dans la bibliothèque paternelle avec des passages soulignés mais les passages qui me choquent profondément ne sont pas soulignés en rouge. Le livre est toujours publié et proposé sans avertissement.
Alors pourquoi trouve t'on maintenant des gens qui s'insurgent contre cet ouvrage ?
Je suppose que c'est un faisceau d'évolutions diverses qui explique cela.
- La prise de conscience de l'horreur des camps nazis.
Elle n'est quand même pas si ancienne. Dans mon enfance (années 60), on me disait encore que les juifs étaient les assassins du Christ. J'ai appris l'existence des camps d'extermination par un copain de classe, Prost (pas Alain), qui y avait perdu une partie de sa famille. Personne avant ne m'en avait parlé !
- La prise de conscience de la nature du régime de Vichy.
Cette dictature de Pétain, camouflée par ceux qui l'avaient combattu au nom de la réconciliation nécessaire. Merci Paxton (que je n'ai pas lu).
- L'abolition de la peine de mort
Carrel ne préconise rien d'autre qu'une peine de mort systématisée, étendue, économique, contre des contrevenants à la loi. Il faut donc d'abord être opposé à cette peine de mort pour être radicalement opposé à ce qu'il propose.
- La prise de conscience de la survivance de l'extrême droite
Le Livre de Carrel semble être une des références de ces mouvements extrémistes. Tant qu'on ne se méfient pas d'eux, on ne s'intéresse pas forcément à leur bibliothèque.
- La décrédibilisation du progrès scientifique "lendemains qui chantent"
Carrel se présente avec l'auréole du "Savant", prix Nobel à la clé. Jusqu'à il y a peu, nous avions confiance dans ce progrès scientifique. Vive le formica et les centrales nucléaires ! Ce n'est que depuis le désenchantement de la crise que nous avons appris à nous méfier.
Voici les quelques raisons possibles qui me sont venue à l'esprit. Il y en a au moins une autre : nous ne l'avions pas lu !
Amicalement
Jacques |