Bonsoir,
Dans la nuit du 25 au 26 mai 1940, Marc Bloch, qui dit souffrir de rhumatisme et fuyant donc les caves humides, a installé ses pénates dans un couloir du château d'Attiches (*) où le général Blanchard a établi son PC. Au petit matin, il est réveillé par des bruits de porte. Il surprend une conversation dans une chambre voisine. L'une des voix lui est familière, c'est celle du général Blanchard.
*** De ce qui arriva jusqu'à mes oreilles, j'ai oublié une bonne part. Mais il y a une chose dont je suis sûr, absolument sûr, d'une certitude supérieure à tout démenti: j'entendis le général Blanchard dire, avec plus de sang froid que je ne l'eusse cru possible: "Je vois très bien une double capitulation". ****
C'était au petit matin du 26 mai 1940. La capitulation, maquillée plus tard en "armistice", était déjà dans l'esprit du général qui, quelques heures auparavant, venait de prendre le commandement suprême des armées du Nord.
Note: double capitulation? Vraisemblablement la capitulation des armées belges et françaises. En effet, dans la soirée du 25 mai, Blanchard a rencontré Léopold III qui lui a communiqué que l'armée belge, "usée jusqu'à la corde" ne pourra tenir que tout au plus 24 heures.
Bien cordialement,
Francis.
(*) Attiches: petite commune du département du Nord, non loin de Lille. |