Les soldats, on s'en doute, ne restaient pas en permanence dans les tranchées. Il n'existait pas de règles bien précises mais en général les soldats étaient de faction dans les tranchées de 1 à 4 jours. Cependant, il n'était pas rare qu'ils y demeurent 12 jours d'affilée. Ensuite, par rotation, ils étaient placés soit en deuxième ligne, soit en troisième ligne, soit au repos à l'arrière du front. Après 3 à 6 mois dans un secteur défini du front, venait le temps des permissions pour une période de 2 à 4 semaines. Les Poilus et les Tommies, lorsque c'étaient possible, rejoignaient leurs familles. Sinon, comme les Belges, ils disposaient, à l'arrière du front, de villages de baraquements. Certaines zones de "grand repos" comme on les appelait, pouvaient accueillir jusqu'à 100.000 hommes. L'ennui y régnait en maître. Le bricolage, l'entretien de petits jardinets... agrémentaient néanmoins leur morne vie. Citons toutefois le rôle souvent admirable des "marraines de guerre" qui prenaient en charge les militaires coupés de tous liens. Les Belges ne furent pas privilégiés ne disposant que d'une maigre solde, bourrus de nature et surtout, pour de nombreux Flamands ne parlant pas le Français.
Pour répondre plus précisément à la question de Jacques, la Manche fut un enjeu stratégique. Pour, d'une part imposer le blocus économique de l'Allemagne et d'autre part pour assurer l'approvisionnement par mer des nations alliées, la Grande-Bretagne garda la maîtrise des mers durant tout le conflit. L'ordre de bataille de la Royal Navy était composé de 60 cuirassés, 42 croiseurs lourds, 42 croiseurs légers, 270 destroyers et 77 sous-marins. Au début de la guerre, la Hochseeflotte comptait 38 cuirassés, 13 croiseurs lourds, 40 croiseurs légers, 144 destroyers et 21 sous-marins.
Le plus grand péril vint des sous-marins... mais c'est une autre histoire. Simplement ceci: lorsqu'une dizaine de sous-marins allemands opérant dans la Manche depuis Zeebrugge et Ostende y semèrent la terreur, les Britanniques entreprirent de verrouiller et de bloquer les chenaux d'accès des deux ports en y sabordant quatre de leurs propres navires.
Bien cordialement,
Francis. |